Une Nuit belge exceptionnelle aux Nuits Botanique

Rendez-vous incontournable du festival Les Nuits Botanique, la Nuit Belge a tenu toutes promesses. Comme chez les Diables, il se passe actuellement quelque chose de très fort avec nos artistes noir-jaune-rouge. Revivez la Nuit avec nos tops et les photos.

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Plus qu'une surprise -car les observateurs le "sentaient" depuis plusieurs mois-, la Nuit belge du Botanique a confirmé que la relève de la scène noir-jaune-rouge était assurée. Ce mercredi, des jeunes formations -qui, pour certaines, n'ont même pas encore sorti un premier album - ont brillé par leurs qualités intrinsèques, l'originalité de leurs morceaux, la bluffante maturité de leur projet et un professionnalisme rarement atteint à ce niveau. Nos deux envoyés spéciaux au Bota vous livrent leur top 3.

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Le top 3 de Luc Lorfèvre.

#1 Coely

On tient ici une version moderne et moins diva de Lauryn Hill.  Cette jeune rappeuse d'origine congolaise basée à Anvers a tout pour elle. Un jolie silhouette, un sourire en guise de respiration, la confiance et -déjà -une parfaite assimilation des codes des musiques urbaines qui lui permet d'en proposer un cocktail varié.  Aussi à l'aise dans un freestyle a capella que dans un track old-school, aussi dynamique sur une relecture du Could You be Loved de Marley que dans une battle ludique avec son MC ou sur son  single My Tomorrow aux sonorités contemporaines et syncopées, Coely  dégage ses bonnes vibes sans laisser la moindre minute de répit à son public. Entre la jeune fille qui nous avait épatés voici un an en première partie de Kendrick Lamar à l'A.B., celle qui avait impressionné tant  de bookers européens lors du festival Eurosonic en janvier dernier et l'artiste que nous avons vue ce mercredi, il y a une marge de progression sidérante. Et dire qu'il faudra sans doute attendre début 2015 pour découvrir son nouvel album. Coely va devenir énorme.

 #2 MLCD

Quand Michael "Redboy" Larivière  prend possession du micro, la tête recouverte d'une capuche et les yeux illuminés de mille étoiles, on sent qu'on va vivre un grand moment dans une Orangerie surchauffée qui n'attend que ça. Et de fait,  My Little Cheap Dictaphone maîtrise parfaitement son sujet. Servie intelligemment par une balance sonore équilibrée  et trois écrans verticaux qui diffusent leur lot de plans séquences lynchéens, la formation liégeoise séduit par ses mélodies épiques, ses refrains scandés avec fierté et sa profonde musicalité.  Déjà libératrice d'émotions contrastées sur disque, des chansons comme Fire, Bitter Taste Of Life, Out Of Storm (tirées de leur dernier album "The Smoke Behind The Sun") ou encore He' Not There (exhumée de "The Tragic Tale Of Genius") prennent encore du galon sur scène. Du grand art.

#3  The Experimental Tropic Blues Band present The Belgians.

The Belgians, c'est l'envie de trois  mecs habillés en noir-jaune-rouge d'exprimer par un rock and roll pur et des archives télé interpellantes toute l'absurdité, les joies, les drames et le surréalisme du plat pays qui est le nôtre. C'est surtout une claque qui nous fige les sens pendant une petite heure et rend tout le monde hilare à la sortie de la Rotonde. De Toots à Eddy Merckx, en passant par l'affaire Dutroux, la mort de Baudouin, le penalty converti par Léo Van Der Elst nous ouvrant la porte des demi-finales du Mondial 86, le J'aime la vie de Sandra Kimet le J'aime pas les Wallons des flamingants, tout y passe sur fond d'une démarche radicale, d'une rythmique démoniaque, de riffs carrés et d'un chant "habité". We are the Belgians, we are the Belgians.  Merci/bedankt les Tropic....

Le top 3 de Nicolas Alsteen

#1 Madensuyu

Sous la boule à facettes de la Rotonde, deux Gantois aux cheveux frisés font la loi : StijnDe Gezelle et Pieterjan Vervondel  sont les hommes forts du groupe Madensuyu. Dans un dialogue continu entre la guitare électrique et la batterie, le duo s’offre dans un déluge rock’n’roll tendu et puissant, nerveux et flamboyant. Quelque part entre Sonic Youth et 16 Horsepower, Madensuyu côtoie les anges et l’électricité. Avec eux, c’est l’orage au paradis : un éclair de génie dans la Nuit belge.    

#2 Carl et les hommes boîtes

Dans le calme apparent du Grand Salon, d’étranges dessins noirs et blancs sont projetés sur grand écran. Juste devant, comme tombés de ce comics complètement délirant, cinq garçons s’activent derrière leurs instruments. Ces mecs, ce sont Carl et les hommes boîtes : des gars extraordinaires au service d’une chanson française extra-terrestre. Au micro, Carl Roosens se joue des mots et galope à travers des histoires loufoques où il est question d’un chien, de mouches ou d’une Bûche. Tout autour de lui, percussions, synthé, petits arrangements électroniques et trompette colorent avec justesse ce grand trip au pays des merveilles. Un cas à part.

#3 The Experimental Tropic Blues Band present The Belgians

Quand Jimi Hendrix reprenait The Star-Spangled Banner sur la scène de Woodstock, il affirmait un patriotisme alternatif : une vision de l’Amérique beaucoup plus rock’n’roll et un peu moins drôle que celle racontée dans les livres pour enfants. Le pied enfoncé sur sa pédale d’effets, le guitariste bombardait l’hymne national de distorsion comme d’autres pilonnaient le Vietnam. Hier soir, dans une fantastique version noire-jaune-rouge, The Experimental Tropic Blues Band a emboîté le pas à Jimi en s’attaquant à une reprise électrique de La Brabançonne. Façon efficace pour le trio liégeois de planter le drapeau de son nouveau délire : The Belgians. Pendant soixante minutes, l’histoire de la Belgique est étrillée sur écran géant. Sans concession, sans demi-mesure. Avec un sens infini de l’autodérision et un art aiguisé de la contestation. Catapultée en mode guitare-basse-batterie, la bande-son du concert colle parfaitement aux images surréalistes – et pourtant bien réelles – du plat pays. Tout le monde est là, porté à l’écran : les gentils (Eddy Merckx, Sandra, Kim et Justine) comme les méchants (Dutroux et autres tueurs fous). Il y a même Plastic Bertrand, totalement hallucinant. Passé à la moulinette liégeoise, l’imaginaire collectif belgo-belge en prend pour son grade. En fin de parcours, Toots Thielemans s’empare de la pellicule et souffle dans son harmonica. En mouvement sous sa moustache, The Belgians joue à fond les pistons, entre rock garage et blues en camisole de (l’union fait la) force. Un show renversant.

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