Valerie June - Egérie des Nuits

Le festival défricheur du Botanique accueille en ouverture la nouvelle princesse de la pop yankee. Portrait.

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Comme chaque année, le festival des Nuits Botanique explore le futur des musiques contemporaines. Alors, au soleil couchant, on s’encourt sous les serres de la rue Royale dans l’espoir d’apercevoir les étoiles de demain.

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Et cette vingtième édition, qui se déroule du 30 avril au 13 mai, nous permettra d'en prendre plein la vue. Dès la soirée d’ouverture, le cœur balance au rythme de deux révélations majeures. D’un côté, il y a Balthazar, fierté nationale de l’année écoulée dont le concert affiche déjà complet, tout comme ceux de Woodkid, Phosphorescent, "Ed Banger 10", Fauve et AlunaGeorge. Avec son album "Rats", le groupe courtraisien a littéralement revitalisé la pop nationale avec ses mélodies orchestrées de mille idées.

De son côté, la belle Valerie June ressuscite la grande histoire des musiques américaines. Rien que ça...

La trentaine à peine entamée, une roquette rasta pour toute coiffure, la nouvelle égérie de la pop yankee a déjà traversé plusieurs vies à l’heure où sort "Pushin’ Against A Stone", premier disque magistral, impeccablement mis en son (et en lumière) par Dan Auerbach, l’âme rock’n’roll des Black Keys.

Originaire de Humboldt, une petite bourgade de 8.000 habitants coincée entre Memphis et Nashville, Valerie June a grandi entourée de quatre frères et sœurs. "Dans ma famille, personne ne sait jouer d’un instrument. Par contre, tout le monde chante", explique la jolie diva aux dreadlocks. "Avec mes parents, on était obligés de se rendre à l’église le dimanche et le mercredi. On chantait dans la chorale paroissiale. Cette expérience a forgé ma voix. Je n’en garde que de bons souvenirs."

A 18 ans, elle quitte le domicile familial pour Memphis où elle multiplie les jobs alimentaires. Femme de ménage, assistante de direction, vendeuse de thé, baby ou dog-sitter, elle en voit de toutes les couleurs. "Ces jobs m’ont appris beaucoup sur la vie, le quotidien et l’humilité. J’ai compris qu’il ne fallait jamais dénigrer le travail des autres. Chacun est essentiel au bon fonctionnement de la société. Quand je suis en tournée, je ne me plains de rien. Je sais que d’autres accomplissent des tâches plus ingrates que les miennes."

Fin 2009, Valerie balance ses démos sur Internet et charme les surfeurs de la plate-forme communautaire Kickstarter.

En quelques semaines, elle amasse la modique somme de 15.000 dollars. Elle s’attelle alors à l’enregistrement de son disque. Entre-temps, le producteur Kevin Augunas (Florence & The Machine) a eu vent de ses talents. "On s’est rencontrés, on a discuté et il m’a demandé avec qui j’aimerais collaborer dans l’absolu. Je lui ai glissé le nom de Dan Auerbach. Kevin m’a regardé dans les yeux et m’a demandé: "Tu veux réellement travailler avec lui?" Il a pris son téléphone et l’a appelé. Tout simplement."

Séduit par les chansons, l’homme fort des Black Keys sculpte un écrin sur mesure pour la voix royale de Valerie. Blues rural, folk des Appalaches, country, soul, gospel et rock’n’roll vibrent sous le capot d’un premier album rutilant.

Un coffre aux trésors qui renferme notamment un bel hymne féministe (Workin’ Woman Blues), un single au romantisme imparable (Somebody To Love) et You Can’t Be Told, "ma version à moi des Black Keys", sourit la chanteuse. "Je pensais que le plus difficile serait d’apprendre à jouer les parties de guitare. Mais Dan m’a montré où mettre les doigts et ma main s’est mise à grimper sur le manche comme une petite araignée. J’étais la première étonnée!" Pour notre part, on est encore émerveillé par les charmes insensés de ce coup d’essai.

Nicolas Alsteen

Le 30/4 aux Nuits Botanique. www.botanique.be

Album "Pushin' Against A Stone" (PiaS)

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