
Vincent Delerm: "J'ai eu besoin de casser des choses"

On ferait un rêve. Celle d'une chanson française qui ne se hisse pas sur les pointes pour être à la hauteur des grands anciens. Mais une chanson qui peut aussi vivre sans tube ni attitude. Une chanson qui changerait en matière romanesque les émotions communes de nos vies, les regrets attachés aux photos de classe, les filles inaccessibles qui jouent avec leurs cheveux, quelques moments inoubliables sans lendemain, les mots qu'on n'a pas su prononcer et ceux qui vous ont enchanté, les petites solitudes et les grands moments partagés.
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On se réveillerait et le nouvel album de Vincent Delerm sera là. Pour raconter en treize titres et une demi-heure une histoire d'amour qu'on connaît par cœur, largement autobiographique et appartenant pourtant à tout le monde. Il faudrait du temps cependant pour s'en accaparer. Et ce serait très bien parce qu'on pourrait lui accorder ça après cinq ans d'éloignement. Pas d'absence puisqu'il y eut un livre de photos (Probablement), une installation à Paris, photos et vidéos, autour de l'élection présidentielle, un livre-CD pour enfants avec Jean Rochefort (Léonard a une sensibilité de gauche) et surtout Memory, un spectacle totalement original, chansons incluses, sur notre (in)capacité à arrêter l'instant et sur les traces que laisse le passé... Septante représentations, mais à dessein pas de captation en DVD.
On se réveillerait. "Les amants parallèles" serait un bel objet (photos signées Delerm), un roman, un film, des chansons, et ce serait encore meilleur que dans nos souvenirs.