

L’heure est grave ! Aujourd’hui, 27 novembre 2013, un pays fondateur de l’Union européenne, l’Italie, va vivre un « coup d’Etat ». Oui, rien de moins qu’un coup d’Etat ! Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Silvio Berlusconi. Je le cite : « Mercredi, le Sénat votera pour se débarrasser du chef du centre droit après avoir tenté de le faire en vain pendant 20 ans. Cela s’appelle un coup d’État ! »
Pour comprendre, je vous résume le pourquoi du comment de ce terrible coup d’Etat… Il y a quelques mois, dans l’affaire de fraude fiscale liée à son empire Mediaset, Berlusconi a été condamné à quatre ans de prison, dont trois ont été amnistiés. Vu l’âge du bonhomme, 77 ans, la dernière année de prison a été commuée en travaux d’intérêt général. Attention ! Ne pas confondre cette condamnation avec une autre, celle des bunga-bunga de l’affaire Ruby, où le même Berlusconi a été condamné à sept ans de prison pour abus de pouvoir et prostitution de mineure. Là, il est en appel. Mais sur l’affaire Mediaset, la condamnation est définitive. Or, en Italie, quand un parlementaire est condamné à de la prison, il n’est pas exclu d’office de la Chambre dans laquelle il siège. Ses collègues doivent encore voter son exclusion et son inéligibilité. C’est ce que le Sénat devrait faire aujourd’hui. D’où le coup d’état.
Oui, il faut que je vous précise : comme Berlusconi croit fermement que l’Etat, c’est lui, le fait de l’écarter du pouvoir est donc un coup d’Etat. C’est logique. Et donc Silvio a tout fait pour éviter que son pays vive cette horreur. Il a suggéré au président Napolitano de le gracier. Il a menacé d’organiser une grande marche de protestation ce mercredi à Rome. Il a même écrit une lettre à ses adversairesdu Sénat où il leur demande ceci… « Par respect pour la démocratie , ne prenez pas une décision dont vous aurez honte devant vos enfants » !
Alors là, Silvio, écoute bien parce que je pense qu’il est nécessaire de te rappeler une petite chose ou l’autre. D’abord, tu dois bien comprendre un truc… Ce n’est pas parce qu’on est immensément riche, qu’on a longtemps été président du Conseil, qu’on a bidouillé des lois pour s’éviter des ennuis, qu’on a parfois corrompu des juges ou des témoins, qu’on s’est fait tirer les peaux, qu’on a de jolis implants capillaires, qu’on considère les femmes comme de la viande et qu’on pense avoir la plus grosse zigounette d’Italie, eh bien ce n’est pas pour ça qu’on est toujours au-dessus des lois. Partant de là, quand un pays condamne un type comme toi, qui a fraudé des dizaines de millions ou qui a joué les proxénètes de luxe, ça ne s’appelle pas un coup d’Etat, ça s’appelle rendre la Justice dans un Etat de droit. Dans ton cas, vu l’état dans lequel se trouve l’Italie après 20 ans de Berlusconisme, je serais même d’avis qu’on appelle ça une œuvre de salubrité publique.
Voilà, Silvio, maintenant que tu as compris, ce serait bien que tu passes le message aux autres élus italiens. Parce qu’aujourd’hui, d’après ce que j’ai lu, ils ne seront que 165 sénateurs sur 321 à voter ton expulsion, c’est-à-dire à entériner une décision de justice. Ça signifie donc que 156 sénateurs italiens n’ont pas encore bien compris un fondement de la démocratie qu’on appelle la séparation des pouvoirs. Et ça, c’est plutôt flippant.
Ce qui est très marrant, en revanche, c’est de t’imaginer en plein travaux d’intérêt général. Je ne sais pas ce qu’ils t’ont réservé, mais je ferais volontiers un saut à Rome rien que pour te voir t’occuper de petites mémères ou faire la vaisselle dans un Resto du cœur. Allez, courage, Silvio ! Tu verras, un an à ramasser des papiers dans un parc public, ça passe vite…