
The Voice: Visite guidée des studios

"Dirigez-vous par ici, s’il vous plaît!" On nous avait promis une visite guidée. On a eu une visite guidée… Pas question de faire un pas de travers, ni de tenter une incursion dans la régie de l’émission. Les journalistes progressent dans les nouveaux studios liégeois de la RTBF en rang d’oignons. Après le "foyer" qui accueille les candidats et leurs proches à leur arrivée, second arrêt forcé devant la "Family Room". "C’est dans cette pièce que sont filmés les échanges entre Maureen Louys et les parents d’un candidat lorsque celui-ci passe l’audition", précise l'un des "accompagnateurs" de la RTBF.
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On aurait bien interrogé un talent en train de chauffer sa voix dans les couloirs… Mais non. Il faut déjà se rendre à la "Stress Room" où les jeunes espoirs attendent leur tour de chant. Eric Poivre, le directeur de l'Antenne et des Programmes a l’air aussi stressé que les candidats. Il faut dire que la RTBF n’a pas intérêt à se planter car ce show est le plus gros investissement jamais réalisé par la chaîne en matière de divertissement. Mais ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure. D’autant que ce télécrochet cartonne aux quatre coins de la planète et multiplie en général par deux les audiences de la case octroyée par la chaîne.
Après un dédale de murs, de grillages et de conduits d’aération, on arrive déjà sur le plateau de l’émission. Et ça claque. Tout de noir vêtu, le Studio 40 assure à lui seul le spectacle: avec son large podium en "V", sa mégamascotte dorée et ses cinq fauteuils futuristes qui accueillent les jurés. Sur le côté, un chauffeur de salle survitaminé et une caméra articulée qui effectue quelques vues aériennes. On se croirait sur un plateau français… "Si le dispositif belge est aussi sophistiqué, c’est parce qu’il doit être rigoureusement identique à celui de tous les autres pays qui ont acheté la franchise" lâche la productrice RTBF. Le pape de la téléréalité John de Mol l’a voulu ainsi après l’échec de la Star Academy made in RTL…
90 secondes pour convaincre
Place aux "blind auditions". À ce stade, il reste 136 candidats sur 2.200 inscrits. Les jurés (Lio, BJ Scott, le groupe Joshua et Quentin Mosimann) sont positionnés dos aux chanteurs et buzzent leurs coups de cœur. Leur fauteuil se retourne alors face au candidat qui intègre l’équipe du coach qui a voté pour lui. À chaque juré de former un team de 14 talents qui s’affronteront dans une série de duels afin de se qualifier pour les émissions en direct. "Attention, on y va! C'est dans 5, 4, 3, 2, 1 et top". Une jeune fille déboule d'un couloir dans le silence le plus complet et fait son apparition sur scène. Sans le moindre applaudissement. "Tout est fait pour que le candidat "entre" dans sa prestation et rien ne doit le déconcentrer",affirme la RTBF. Et les talents ont 90 secondes pour convaincre.
Malgré "le niveau excellent" que nous vante la production, les dix espoirs que nous découvrons ne nous scotchent pas. D'ailleurs, les talents se suivent, mais les buzz se font attendre. Dans nos oreilles, de la chanson française, du Beyoncé, du Gossip, du Muse et même du Elvis Presley. Les talents tablent sur ce qu'ils chantent ou croient chanter le mieux. Cruelles désillusions pour certaines graines de star. Un des candidats s'attaque même à une chanson mielleuse de Quentin Mosimann himself. Un choix périlleux… D'autant que le gagnant de la septième Star Academy se fait systématiquement chambrer par les autres coachs. Quand ils ne l'interrompent pas carrément. "BJ, tu ne m'as même pas laissé donner mon avis!" Et la chanteuse soul de rétorquer dans un français très approximatif: "Oh, désolé, honey, tu lui avais dit ce que tu pensais de sa coiffure. Je pensais que tu avais fini…"
Parmi ces dix artistes en herbe, un seul a fait l'unanimité. Les membres du jury sortent alors le grand jeu. "Je vous veux avec moi" se vend l'un, "Un talent de votre envergure m'a scotché la gueule" renchérit l'autre. Dans ce cas de figure, c’est le candidat qui a le pouvoir de choisir son coach. C’est le moment le plus dynamique de l'émission. Des jeunes, des hommes d'âge mûr, des crooners, des divas, des voix frêles et d'autres plus puissantes: The Voice laisse concourir les profils les plus variés. On est bien loin des ados overlookés de la Star Academy.
La bonne surprise: le jury
Quid du poids du coproducteur, le grand méchant loup Endemol? Si Lio nous confiait qu'elle allait se battre pour que cette superproduction lui laisse une certaine liberté, la chanteuse semble décidément bien plus à l'aise. "La prod' n'intervient pas dans nos choix et les talents choisissent eux-mêmes les morceaux qu'ils souhaitent défendre, ce qui n'existe dans aucune autre émission du genre!" Même son de cloche chez Quentin Mosimann qui rejoint la conférence de presse avec son chihuahua Paulette… "J'ai demandé à voir les contrats qui lient les candidats à la maison de disques car je ne voulais pas les voir bloqués pendant cinq ans avec un label qui n'en a rien à faire d'eux. Ici, ils pourront enregistrer un album et négocier ensuite une sortie à l'amiable!" Et le chanteur de Joshua d'assener un dernier coup de massue sur la tête de Mosimann. "Si je suis assis à côté de Quentin, c'est qu'on nous laisse vraiment libres…"
Prochain rendez-vous le mardi 20 décembre avec Maureen Louys à la présentation et Adrien Devyver (Sans chichis) dans les coulisses. Force est de reconnaître que le télécrochet événement de la RTBF est sur la bonne voie. Seul bémol, mais de taille, les performances des candidats! Si ceux que nous avons eu l'occasion d'entendre nous ont laissés de marbre, on laissera cependant le bénéfice du doute à la production. La bonne surprise, en revanche, c’est le jury! On pourrait presque parler d'alchimie. Du moins tant que Quentin Mosimann continuera à prendre avec le sourire les nombreuses piques que lui assènent les autres membres…
THE VOICE
MARDI 20 LA UNE 20H15