
Festival de Cannes 2015: The Assassin d’Hou Hsiao-Hsien

C’est un film en tableaux, qui pourra surprendre les non-habitués par sa lenteur, son opacité, son esprit de sérieux. En financement depuis 7 ans, le film se regarde comme une première incursion du maître taïwanais dans l’univers épique des arts-martiaux, à travers l’histoire d’une jeune justicière vêtue de noir (Shu Qi, qui retrouve Hou Hsiao-Hsien 15 ans après l’hypnotique Millenium Mambo) déchirée entre le devoir et les sentiments dans une province en rébellion contre l’Empereur.
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N’attendez pas d’Hou Hsiao-Hsien (Un temps pour vivre, un temps pour mourir, Le maître des marionnettes, Flowers of Shangaï,) une copie des exubérants Tigre et Dragon d’Ang Lee ou Secret des poignards volants de Zhang Yimou. Loin de la débauche de figures de combat, le Taïwanais fait dans l’épure, le saut de l’ange, le combat mystique. La première partie, faite de trahisons, de secrets d’alcôves, de complots et de bannissements, se regarde comme un théâtre de cour frémissant. La deuxième s’ouvre magnifiquement sur les montagnes chinoises, et Hou Hsiao-Hsien retrouve son goût pour le végétal, pour le mystère des sources et des ciels. Mais plus que tout, on reste assez sidéré par la fixité hypnotique de ses plans, qui convoquent la poésie comme l’imaginaire médiéval. En fin de festival, la concentration du spectateur est doublement requise pour ne pas dormir. Ou alors pour s’évader lentement au pays des rêves de la Chine ancienne. Un Prix de la mise en scène est envisageable pour cette prouesse visuelle.