
Taylor Swift fait plier Apple

Avec sa dégaine de Barbie country et ses yeux doux de petite fiancée de l’Amérique, Taylor Swift se tape l’incruste à l’avant-plan de l’actu internationale dans un concert de louanges. Elvis Costello l’a félicité en la désignant comme “notre prochaine présidente”, Blur a décrété qu’elle était “plus grande que les Beatles”. Raison de cette mise sur piédestal? La star la plus vendeuse du moment a interdit Apple d’exploiter son album best-seller 1989 (vendu à 8,6 millions d’exemplaires) sur son nouveau service de musique en streaming Apple Music inauguré le 30 juin. Taylor Swift, qui avait déjà réagi contre Spotify, dénonçant le site de ne pas rémunérer les musiciens à leur juste valeur, refuse d’accepter les règles du jeu imposées par Apple dont la première est de ne reverser aucun droits aux artistes pendant les trois mois de lancement du service afin d’assurer la gratuité pour les utilisateurs.
Du haut de ses 59 millions de followers sur Twitter et de ses 71 millions d’amis Facebook, Taylor Swift a balancé: “Nous connaissons le gigantesque succès d’Apple et nous savons que cette entreprise a les moyens de payer les artistes, les auteurs et les producteurs pendant les trois mois d’essai… Même s’ils sont gratuits pour les fans (…) Nous ne bous demandons pas des iPhones gratuits, alors ne nous demandez pas de vous fournir notre musique sans compensation.” Et voilà comment cette chanteuse, qui passe pour beaucoup pour un faux pas dans l’histoire du goût, est devenue l’héroïne d’une corporation qui ne s’est jamais gêné pour la moquer.
On se souvient qu’en 2009, à la cérémonie des Grammy Awards Kanye West avait fait le gros malin en dépossédant Taylor Swift de son trophée pour l’offrir à Beyoncé, selon lui, plus méritante et plus à l’avant-garde de la pop culture. En activité depuis 2006, Taylor Swift, 25 ans, produit une country pop idéale pour les images du Téléthon et pour les fins d’épisodes de Grey’s Anatomy – une musique tellement américaine qu’elle frôle le folklore et qui, avouons-le, a du mal à trouver preneur chez nous. Il n’empêche, avec ce statement anti-Apple – qu’elle a fait revenir sur sa décision, précisons-le – la fille la plus show-biz du moment a muté en tonitruante syndicaliste.