
Le tax-shift expliqué en 3 minutes

Le tax-shift, c’est ce virage fiscal envisagé par le gouvernement Michel Ier afin de favoriser la compétitivité des entreprises et booster notre pouvoir d’achat. Rien que ça. Concrètement, il s’agit d’opérer un allégement de la fiscalité liée au travail pour la déplacer vers d’autres formes de revenus. Lesquels? Et bien c’était précisément ça le nœud du problème. La question donnant même lieu à de sévères affrontements à la Chambre, notamment entre le CD&V et l’Open VLD.
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100 euros nets par mois
Et puis voilà. Contre toute attente, le fédéral a annoncé un accord tôt ce jeudi. Qu’est-ce qui a finalement été décidé? Et quel impact aura ce tax-shift sur notre fiche de paie? Selon le gouvernement, il permettra de dégager 7,2 milliards d’euros d'ici 2018. Un montant plutôt balèze auquel il faudra rajouter 100 millions destinés à renforcer le pouvoir d’achat des bas et moyens revenus. Didier Reynders évoque ainsi pour ces salaires une augmentation de 100 euros net par mois.
Et la taxation du capital, cheval de bataille du CD&V durant les négociations? Malgré les réticences de la N-VA et du VLD, elle sera bien au programme. Pour augmenter la compétitivité de nos sociétés, 430 millions d’euros seront affectés et financés par une hausse du précompte mobilier qui passe de 25% à 27% et de la taxe “Caïman" sur les constructions juridiques à l’étranger. Un nouveau régime s’appliquera par ailleurs aux sociétés immobilières, une taxe sera prélevée sur la spéculation et une harmonisation du précompte mobilier sur les droits d’auteur sera également au programme.
Taxe sodas et alcools
Mais pour compenser l’allègement des cotisations sociales sur les salaires (de 33% à 25%), la suédoise compte aussi taxer l’ensemble des ménages. La mesure la plus brutale étant sans doute le relèvement de la TVA sur l’électricité qui (re)passe de 6 à 21% dès ce 1er octobre… Le gouvernement a également validé toute une série de mesures fiscales indirectes afin de «favoriser des comportements plus écologiques et plus sains». L’Etat va ainsi augmenter les accises sur le diesel, l’alcool, les sodas et le tabac. La hausse la plus spectaculaire concerne la bouteille d’alcool fort qui augmentera de 2,5 euros à partir de 2016. Le vin sera quant à lui moins touché (plus 10 centimes par bouteille), et la bière quasi épargnée (plus 1 centime).
La taxation du capital, cheval de bataille du CD&V durant les négociations? Malgré les réticences de la N-VA et du VLD, elle sera bien au programme.
Mauvaise nouvelle aussi pour les addicts aux sodas et aux alcool pops puisque ces boissons seront désormais taxées. On parle ici de 150 millions d’euros budgété sur trois ans. Sans grande surprise, le tabac subit lui-aussi les affres de ce tax-shift avec une hausse de 70 centimes par paquet et de 1,85 euros pour le tabac à rouler. Quant au diesel, ses accises augmenteront de 1,3 centime par an jusqu’en 2018.
Malgré quelques belles notes d’intention, notamment en matière de taxation des gros spéculateurs, force est de constater que ce tax-shift n’a rien de très novateur. Et ne risque en tout cas pas de réconcilier ses détracteurs qui auraient préféré à cette nouvelle volée de taxes une véritable réforme structurelle…