
Human, d’Yann-Arthus Bertrand, trop beau pour être touchant?

Diffusé sur France 2 mardi 29 septembre, Human, n'a pas rassemblé les foules du précédent, Home, avec 9 millions de téléspectateurs, mais a ému les 2,8 millions de personnes réunies devant leurs écrans. Témoignages puissants, bande son poignante, le long métrage aux images léchées s'annonçait en grandes pompes comme le film dénonciateur des maux du siècle, des travers de la terre: une vitrine offerte aux hommes qui n'ont pas le loisir de s'exprimer publiquement. Une immersion au coeur du genre humain.
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Le travail du réalisateur Yann-Arthus Bertrand a suscité énormément de réactions, positives comme négatives, sur les réseaux sociaux, Les témoignages de ces hommes et femmes interrogés dans plus de 60 pays sur des thématiques telles que la guerre ou l’homosexualité ont ceci de touchant qu'ils transpirent l'émotion, la tristesse et la véracité. Si cela permet de relativiser nos petits problèmes quotidiens, il y a un hic malgré le résultat poétique et esthétiquement très réussi. Une distance avec ces personnes que l'on interroge, à qui l'on ne donne ni nom, ni origine. Un survol d'un monde qui nous est étranger, pour la plupart.
Les images aériennes qui accompagnent ces prises de parole, malgré leur beauté indiscutable, dérangent par leur esthétisme de carte postale. Il semble que ce n'est pas le fond qui prime, dans Human, mais bien la forme. Le parti pris de ne montrer que le beau, d’éviter de poser le regard sur la blessure, les corps brisés, donne des récits désincarnés. Comme lors du témoignage de deux hommes, évoquant leurs mutilations, dont on ne montre à l'écran que leurs visages, épargnés. Ou encore lorsque l'on découvre un ancien vétéran, qui raconte qu'il a aimé la sensation de tuer.
Violence, effroi, amour, famille, épanouissement, pauvreté,... Human emmêle mille thématiques. Un gigantisme dont s'échappent certains témoignages, particulièrement forts. Des récits qui dévoilent toutefois une belle ambition: celle de rassembler tous les hommes, de leur trouver des points communs, sans tenir compte de leur situation géographique. Pour y arriver, Yann-Arthus Bertrand a rencontré près de 1.200 personnes. Ce travail titanesque nous laisse cependant le goût étrange d’avoir laissé nos émotions se faire embarquer dans les rouages d'une grosse machine trop fabriquée, presque attendue.