

A l’origine, Gomorra est un explosif livre-enquête signé par le journaliste Roberto Saviano sur la Camorra, la mafia napolitaine. Adapté au cinéma puis au théâtre, l’ouvrage devenu un best-seller connaît aujourd’hui une déclinaison télé, dans une époustouflante série dont Saviano a supervisé l’écriture. De son livre, les scénaristes ont gardé la rigueur et le réalisme, perceptibles dans le fond - l’histoire du clan Savastano, inspirée de celle de véritables mafieux - comme dans la forme - le réalisateur, Stefano Sollima (qui avait déjà signé la série Romanzo Criminale), a tourné dans les faubourgs de Naples, sur les lieux fréquentés par les camorristes eux-mêmes. Une atmosphère sombre où suintent la poussière et le sang, la pauvreté et la violence quotidienne. Dans ces quartiers déshérités règne don Pietro Savastano, dont la puissance commence à vaciller: un nouveau venu lui fait concurrence sur le marché de la drogue, une taupe semble s’être infiltrée dans ses rangs et sa succession paraît compromise - son rejeton est un inconséquent fils à maman. Âpre et brutale, Gomorra adopte le point de vue des membres du clan, explorant avec une vérité quasi documentaire le fonctionnement, la logique et les relations des criminels napolitains. De tristes individus que la série n’épargne pas, mais au destin desquels elle s’attache avec une telle force romanesque et une telle justesse que l’on avale sans respirer ces douze épisodes. Réjouis de savoir que la saison 2 est d’ores et déjà en production.