

Le nouveau magazine d’enquêtes et de reportages « Médor » dont la sortie était prévue le 20/11 dernier vit des premiers jours difficiles. D’abord, parce que sa soirée de lancement prévue ce samedi 21/11 est reportée à cause de la menace terroriste qui plane au-dessus de la capitale. Mais surtout parce que le tribunal de première instance de Namur a interdit la publication d’un article de son premier numéro, à la demande de la société « Mithra Pharmaceuticals ». Dans ce dernier, un article titré « Le risque financier que Mithra n’a pas déclaré à la FSMA » accuse l’entreprise pharmaceutique d’avoir dissimulé des informations sur des litiges judiciaires en cours dans le prospectus destiné à son introduction en bourse.
Soutenu par l’Association des journalistes professionnels, Médor parle de censure et évoque l’article 25 de la Constitution: « la presse est libre ; la censure ne pourra jamais être établie. » D’après Alain Berenboom, avocat spécialisé en droit des médias, l’application de cette loi ne s’applique cependant pas dans ce cas-ci puisque l’article a déjà été publié sur internet. Il a également rappelé dans les colonnes du journal Le Soir qu’une telle interdiction reste autorisée si « l’article incriminé contient des accusations graves susceptibles de porter un préjudice important au requérant. » Ce qui, selon le patron de Mithra, est le cas. Il évoque même une erreur de déontologie journalistique, affirmant que Médor ne l’a pas contacté pour aborder la question des litiges judiciaires. La rédaction affirme l’avoir fait.
Construit en coopérative et avec peu de moyens, le magazine va forcément devoir consacrer une partie de son budget aux frais d’avocats. Sans oublier que si la rédaction ne respecte pas l’interdiction de diffuser son magazine, elle devra payer… 12.000 € par jour et par infraction. Impayable. La rédaction espère donc obtenir une rectification du verdict après l’audience contradictoire en référé prévue au tribunal de première instance de Namur le 24/11 prochain. Sans quoi… Médor pourrait définitivement arrêter d’aboyer.