
« Certains hommes en ont assez de se comporter en mec »

Existe-t-il un « homme féministe » type ?
Alban Jacquemart – Ce serait réducteur de formaliser le profil unique du militant féministe. J’ai malgré tout relevé quelques caractéristiques qui revenaient souvent. Les 36 personnes que j’ai rencontrées sont pour la plupart issues de la classe moyenne ou supérieure. Ils ont fait des études universitaires. On peut aussi relever que la quasi-totalité de ces militants se revendiquent politiquement à gauche. Ce qui semble historiquement assez logique puisque les premiers mouvements féministes sont nés à gauche.
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Les hommes élevés dans un environnement féminin ont aussi plus tendance à devenir féministes.
A.J. – Oui, ces hommes sont plus sensibles aux inégalités que subissent les femmes, pour les avoir vécues indirectement, et sont donc plus enclins à rejeter ce système social injuste. Ça peut aussi venir d’un milieu professionnel où des inégalités hommes-femmes ont été présentes.
Certains hommes intègrent des mouvements féministes simplement pour être entourés de femmes. C’est souvent le cas ?
A.J. – On ne peut pas expliquer leur engagement par cette seule raison. Néanmoins, certains hommes ont besoin d’être au milieu de femmes pour se sentir bien, ou simplement apprécient des espaces sociaux féminins. Ce n’est généralement pas la raison qui les pousse à s’engager, mais une fois intégrés dans un collectif féministe, cet aspect peut effectivement les inciter à y rester un certain temps.
Et puis, il y a ceux qui s’engagent car ils en ont assez de se conformer au rôle de « mec ». Le féminisme, c’est l’inverse du machisme ?
A.J. – Dans un sens, oui. C’est une définition plus identitaire du féminisme. Certains hommes en ont assez de devoir se comporter en « mec » et militent pour que les femmes soient libérées des modèles sociaux… mais aussi pour se libérer eux-mêmes.