
Janvier 2015: #JeSuisCharlie

Mercredi 7 janvier, 10 h, Paris. Comme tous les mercredis, la rédaction de Charlie Hebdo se réunit. Pour huit membres de l'équipe, ce sera la dernière fois.
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Une heure et demie plus tard, les deux frères Kouachi, cagoulés et vêtus de noir, tuent l’un des deux hommes d’entretien avant d’entrer dans les locaux du magazine, au deuxième étage pour y faire un massacre. Quand ils ressortent de l’immeuble, les assaillants crient “Allah Akbar” (“Dieu est grand”), “Nous avons vengé le Prophète” ou encore “On a tué Charlie Hebdo”. Dans leur fuite, ils feront une dernière victime. Un policier à vélo qui tente d’intervenir est touché par un tir avant d’être abattu à même le trottoir. L'attaque a fait douze morts.
C’est un double attentat. En ciblant Charlie Hebdo, les agresseurs s’en sont pris à un symbole de la démocratie dans son acception la plus libertaire. Celle qui s’amuse à montrer le cul du pape en couverture. Ou le visage de Mahomet. Pour ceux qui sont un peu familiarisés avec les membres de Charlie, c’est même un bout d’enfance qu’on assassine quand les noms des victimes commencent à tomber: Charb, Wolinski, Tignous... Les plus grands. Pierre Kroll trouve la comparaison, on a tué les Messi et les Ronaldo de la caricature.
Tandis que la police remonte la filière des auteurs de l’attentat, les jalons d’une histoire trop connue apparaissent. Les frères Chérif et Saïd Kouachi sont désignés comme les principaux suspects de l’attaque. "Deux jeunes sans histoire" qui finiront par se radicaliser. Tous deux étaient donc connus des services de police. Ils étaient même sur la liste noire du FBI. Une fois encore, ça n’aura pas suffi. La Toile, elle, se range majoritairement derrière la bannière virtuelle “Je suis Charlie”, un hashtag apparu sur Twitter moins d’une demi-heure après l’attentat.
Après deux jours de traque, les frères Kouachi seront finalement encerclés et abattus dans une imprimerie, à 45 km de Paris. Mais le cauchemar de ce week-end de janvier n'est pas terminé. Quelques heures plus tôt, Amedy Coulibaly s’en est pris à la communauté juive en s’attaquant à un supermarché kasher à Vincennes. Il s’y enferme avec plusieurs otages. Quatre y laisseront la vie.
Après les attentats, le premier numéro de Charlie Hebdo de l’après-7 janvier est tiré à un million d’exemplaires, au lieu des 60.000 habituels. On parle des obsèques des disparus, mais aussi du prochain numéro. “Qu’est-ce qu’on met dans les pages”, demande Gérard Biard, le rédacteur en chef? “J’sais pas. Y a quoi comme actu?”, lance un des chroniqueurs. Et la rédaction meurtrie de partir dans un fou rire nerveux. Incorrigible.