
2 février - Le procès pour rien

À Lille s'ouvre le procès de Dominique Strauss-Kahn et le déballage de ses partouzes parisiennes, de ses orgies de Washington et de ses parties fines bruxelloises. On y fera aussi le compte complet de ses fréquentations du milieu interlope. Parmi lesquelles le proxénète Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, propriétaire de cinq lupanars en Belgique. Au final, le tribunal doit répondre à la question: DSK s’est-il rendu coupable de "proxénétisme aggravé en réunion"? Pour le parquet lillois, c’est non. Ce grand consommateur ne peut être considéré comme proxénète. Même s’il savait qu’il s’agissait bien de prostituées (DSK prétend le contraire), il n’en a jamais “tiré profit”, ni ne leur a “fourni des moyens” pour l’exercice de cette pratique. Les trois juges qui ont mené l’instruction ont, eux, une opinion différente. Et ont exposé DSK au risque d’une peine de dix ans de prison.
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DSK doit donc être jugé. Lors d’un procès pénal ou moral? Question légitime à la lecture de l’ordonnance des juges, où l’on découvre que l’un des nombreux centres d’intérêt du procès sera le statut de la... sodomie. "Ce type de pratique sexuelle qui, lorsqu’elle est consentie librement, n’intéresse pas le droit pénal, est même parfois refusée par des prostituées. Un tel comportement pouvait donc a fortiori nécessiter de recourir à des professionnelles rémunérées." Curieuse incursion judiciaire dans le catalogue érotique contemporain...
Comment DSK va-t-il se défendre? Outre la maigreur des charges retenues, il avancera sans doute la thèse du "dossier politique" monté pour saboter sa candidature à l’Elysée en 2012. Notamment parce que des écoutes téléphoniques de plusieurs protagonistes ont été auto- risées par le gouvernement (de droite, à l’époque) dès juin 2010, alors que l’enquête n’a été ouverte que six mois plus tard. En somme, le procès de Lille se révélerait doublement inutile. D’abord parce qu’il n’est pas nécessaire de prouver que DSK est un maquereau pour établir sa réputation, largement étayée par les révélations à propos de son insondable muflerie. Ensuite parce que, politiquement, l’homme s’est de toute façon déjà sabordé tout seul, une nuit de mai 2011, au Sofitel de New York. Finalement, l’ancien patron du Fonds monétaire et le propriétaire de bars Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, seront relaxés en juin. Et, de DSK, on retiendra cette phrase: "je découvre que j’ai une sexualité plus rude que la moyenne."