
Un crime contre la pierre

C'est inédit. À La Haye, Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale (CPI), accuse le djihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahd, présumé lié à Al-Qaïda, de crime de guerre pour avoir dirigé la destruction de mausolées classés par l'Unesco à Tombouctou, au Mali, en 2012. C'est la première affaire de ce type devant cette juridiction, qui est généralement amenée à connaître d'exactions contre les hommes, et non contre les pierres.
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À première vue, cela peut même sembler dérisoire. De la même façon que déchoir les suppôts de Daesch de la nationalité française ne devrait pas perturber les plans du Califat, juger des atteintes contre le patrimoine culturel mondial ne devrait pas outre mesure dissuader les séides d'Al-Qaïda.
Cependant, comme l'explique Le Pays, quotidien de Ouagadougou, la CPI pourrait donner à ce procès, relatif à des “assauts contre une population dans ses croyances religieuses”, une haute portée pédagogique. Un Nuremberg des pierres, en somme. "S’attaquer à la culture d’un peuple, c’est s’attaquer à son âme et à ses racines. Vouloir les faire disparaître en les détruisant, c’est vouloir effacer la mémoire et le passé de ce peuple en lui enlevant ses repères, ses valeurs et tout le référentiel qui constitue le ciment de ce peuple. L’on voudrait simplement exterminer un tel peuple que l’on ne s’y prendrait pas autrement.”