
Bonnes audiences pour Forest hier en télé

C’est devenu une habitude et elle n’est pas bonne. C’est un pli pris par les télés, mais c’est plus un dommage collatéral du niveau 4 qu’une vraie plus value journalistique. A Bruxelles, depuis le 13 novembre, au moindre bouclage de quartier, au moindre périmètre de sécurité, à la moindre intervention des forces spéciales, on interrompt les programmes télé pour des éditions rehaussées par la présence d’équipes en poste aux quatre coins du carré délimité par la police. Résultat: des heures et des heures à filmer – de loin - une rue fermée par un ruban adhésif bleu et blanc, des façades, des toits avec – quand on de la chance – un molosse cagoulé qui fait de l’équilibrisme sur une gouttière dont on ne sait rien et dont la présence incongrue sur fond de tuiles laisse supposer qu’il n’est pas là pour faire le père Noël.
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Rien de "spectaculaire"
Des heures et des heures de «face caméra» avec des journalistes qui n’ont pas grand chose à livrer comme informations - «Des témoins ont entendu des tirs», «Le périmètre vient d’être agrandi», «Il y aurait un ou plusieurs individus», couronné par un «Tout cela doit être pris au conditionnel» qui couvre tout et tout le monde. Les directs d’hier, depuis la place Saint-Denis par exemple, étaient contaminés par l’apparition à l’écran de curieux (et pas spécialement des jeunes) qui passent et repassent dans le champ, distribuant sourires, simagrées, doigts d’honneur, selfies, les ramenant à leur juste valeur: une grimace du système médiatique. A partir du moment où la police avait demandé aux chaînes de ne plus diffuser d’images de l’intervention – images déjà très pauvres et en rien spectaculaires (ne nous voilons pas la face, c’est pour ça qu’on est là, pour filmer l’action) – fallait-il encore passer en boucle les images d’avant l’injonction des autorités? Elles ne disent plus rien du moment présent et ne font qu’entretenir une atmosphère anxiogène, construite à base de «kalachnikov trouvée dans l’appartement», d’enfants confinés dans les crèches et les écoles et de témoignages grésillant au téléphone pour dire combien on n’est plus tranquille nulle part.
687.000 téléspectateurs pour le 19h de RTL TVI
Personne n’est contre un flash ou une édition spéciale pour nous informer de la situation. Mais cinq heures de direct! C’est beaucoup et cela démontre – s’il fallait encore le démontrer (car c’est ainsi depuis la première Guerre du Golfe) - que l’info en «breaking news» est une exercice sans filet (sans distance?) où tout l’art du journaliste en plateau (Michel De Maegd pour TVI, Nicolas Gillard pour La Une) consiste – aussi - à meubler ou à paraphraser. Ne parlons des interventions des experts qui expertisent à chaud sur base de rien ou du moins de peu. Et soulignons ce mystère cathodique des journalistes attitrées au dossier (Justine Katz pour la RTBF, Dominique Demoulin pour RTL) qui, lorsqu’elles n’ont pas la parole – avez-vous remarqué? – scrolle à tout va sur leur ordi et leur smartphone. Mais que font-elles? Elles s‘informent. Notons tout de même les bonnes audiences des JT d’hier soir… Le 19h de RTL-TVI avec 687.1000 téléspectateurs et le 19h30 de RTBF avec 654.322 sont devant Top Chef (432.800). Suivi du flash spécial de la RTBF à 18h30 à 369.483 devant The Voice à 368.700. Le flash spécial de TVI à 22h25 a fait 264.300 téléspectateurs.