Claude Moniquet: "j'ai souvent eu raison avant les autres"

De tous les directs liés aux attentats en France et en Belgique, l'ex-journaliste de Télé Moustique défend ses analyses et son métier. Et accepte d'être sujet à la critique et à la moquerie.

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Quand il ne promène pas sa grande carcasse sur les plateaux télé, Claude Moniquet n'hiberne pas pour tout autant. Sa société ESISC (european strategic intelligence and security center) fournit du travail à une douzaine d'employés en conseillant en sûreté de nombreuses entreprises et gouvernements en terme de sécurité, renseignement commercial, contre-espionnage industriel ou contre-terrorisme.

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Moqué sur les réseaux sociaux et dans certaines émissions humoristiques de la RTBF, le spécialiste ès terrorisme de RTL et Itélé se défend d'être un expert. Je ne suis pas expert en terrorisme. Je sais juste de quoi je parle. J'ai travaillé plus de 20 ans pour la DGSE ( Direction générale de la Sécurité extérieure - Gouvernement français) sous couverture de journaliste (NDLR: entre autres chez... Télé Moustique). En 2002, j'ai créé une société qui conseille entreprises et gouvernements. J'ai également écrit une vingtaine de livres dont 16 dédiés au renseignement. Donc, pour le titre d'expert, je laisse cela aux humoristes de la chaine publique qui semblent beaucoup s'amuser avec cela.

Expert ou pas, le Franco-Belge explique son omniprésence médiatique par la qualité de ses analyses. "J'ai souvent eu raison avant les autres. Tout débute en 2004 avec les attentats de Madrid. Alors que tous  les médias suivent auveuglement le raisonnement du gouvernement espagnol qui accuse l'ETA, ma société produit un rapport qui dès les premières heures pointe Al Qaida du doigt.  ET On avait raison. Pas avare en autocongratulation, Claude Moniquet rappelle également qu'en novembre dernier, il est le premier à annoncer que Abdelhamid Abaaoud est plus que certainement dans l'appartement de Saint Denis. Là aussi, tout le monde ou presque se moque de moi. Pourtant 20 heures plus tard, le parquet confirme mon analyse, explique-t-il non sans fierté.

Outai Salahoutai

Même quand la vidéo prouve qu'il se plante en annonçant un jour que Salah Abdeslam est à l'étranger et quelques jours après qu'il a toujours eu la conviction que le fuyard était resté en Belgique, Claude Moniquet ne se démonte pas.

Vous avez vu le montage vidéo ou les deux émissions dans leur intégralité? Parce que le mardi, si je dis que les services de renseignements ont situé Salah Abdeslam en Allemagne ou aux Pays-Bas, je reformule quelques minutes plus tard en précisant que je pense qu'il est encore en Belgique.  Alors oui, j'ai évidemment tenu ces propos mais il y avait beaucoup plus de nuances que cela.Vous savez Richelieu a dit " Qu'on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j'y trouverai de quoi le faire pendre." La RTBF a fait pareil ici (NDLR: il s'agit d'un montage de 7 à la Une). C'est minable mais ça ne m'étonne pas de la chaine publique.

L'homme oublie certainement qu'au sein même de RTL, les auteurs de "Votez pour Moi" n'hésite pas à le qualifier d’expert en contre-terrorisme et fournisseur officiel de contre-avis sur tout et son contraire.

Et quand il parle de l'arrestation de l'ennemi numéro 1, l'ancien de la DGSE ne tarit pas d'éloges pour les forces belges: "la police et les renseignements ont fait un très bon travail. Quatre mois pour une cavale d'un tel criminel, ce n'est pas si long. Les services belges ont méticuleusement travaillé durant ces longues semaines pour couper de nombreuses portes de sortie à Salah Abdeslam. Résultat: quand il a fui Forest mardi passé, il n'avait quasiment plus aucune solution de repli".

Super Claude contre le Belgium Bashing

Si la France pointe la Belgique du doigt, l'homme réfute: "Alain Marsaud (NDLR: député "Les Républicains" qui a ouvertement accusé la Belgique d'être responsable de la mort des 130 victimes du 13 novembre) est un très bon copain mais quand il fustige aussi violemment la Belgique je ne le suis pas du tout. C'est totalement injuste et dans toutes mes interventions, je défends la Belgique."

Pour lui, en terme d'(ir)responsabilité, les pays voisins peuvent jouer balle au centre: "si la Belgique n'a rien vu venir avant le 13 novembre et le 22 mars , et porte donc clairement une part de responsabilités, que dire de la France avant la tuerie de Charlie Hebdo et de l'HyperCacher?"

Malheureusement, même s'il a manifestement clairement confiance en ses analyses et sa capacité à anticiper les événements, l'homme pense qu'il est impossible de prévoir les attentats. "C'est certain qu'il n'y a pas d'assurance à 100%. On peut limiter les risques comme l'Europe l'a très bien fait entre 2002 et la tuerie de Mohammed Merah en 2012. On n'a pas pu éviter Londres et Madrid mais on en a réellement évité des centaines d'autres."

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