
Leicester City - Du jamais vu, même au cinéma

Quelque chose d’extraordinaire se passe dans le monde du foot". Les mots de Gary Lineker ne sont pas exagérés. A sept matchs de la remise des prix, son ancien club de Leicester trône toujours en tête de Premier League, avec cinq points d’avance sur son dauphin, Tottenham. Et sur ça, personne de rationnel n’aurait osé parier. Personne, sauf John Pryke, un supporter des Foxes, qui a misé 20 livres (25 €) en début de saison sur une victoire de son club fétiche: la cote était de 5.000 contre 1 chez Ladbrokes. Il aurait pu gagner 120.000 euros. Il a préféré revendre le pari à son bookmaker 37.500 euros avant la fin de saison. A lui aussi, sans doute, le succès de Leicester City paraît trop beau. Ce que ce petit club des Midlands réalise cette saison confine à "quelque chose qui défie la logique. Quelque chose de vraiment magique", s’émeut Gary Lineker.
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Transcendée, cette équipe l’est assurément. La saison passée, elle ne s’était sauvée que par la grâce de sept victoires arrachées lors des huit derniers matchs. Depuis lors, ce onze est animé d’une âme, un mélange de fighting spirit et de générosité dans l’ouvrage qui la rend irrésistible. Souvent menée, la formation parvient tout aussi fréquemment à revenir à la marque. Avec son football direct, Leicester renoue avec le Kick and Rush made in England. Les Foxes aiment subir, laisser le ballon à l’adversaire, couper les trajectoires, puis se projeter en profondeur, sans s’embarrasser d’une construction de jeu élaborée. Avec seulement 69 % de passes réussies, ils se contrefichent bien d’être les plus imprécis de Premier League. Puisqu’ils sont les plus efficaces.
Une stratégie signée Claudio Ranieri. Un entraîneur non britannique dont la maîtrise tactique détonne dans un championnat où celle-ci fait classiquement défaut. Débarqué de l’équipe nationale grecque, après un soufflet contre les îles Féroé, le technicien italien traînait une image de loser sans charisme. "Claudio Ranieri? Really?", avait d’ailleurs tweeté Gary Lineker, craignant l’erreur de casting. Six mois plus tard, Claudio Ranieri, plein d’autodérision et de pudeur ne cesse de convoquer les mots "miracle", "rêve" ou "plaisanterie" pour qualifier le parcours de son équipe: "On ressemble à une cave qui se bat contre des villas avec piscine".