Prince: Nothing compares to you

 

On l’avait prévenu, ce mec était un virtuose. 

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Et pourtant quand Jimi Hendrix a joué pour la première fois à Londres. God lui-même a pris peur. Eric Clapton croyait être le meilleur, il a découvert ce qu’était « un vrai génie ». Vingt ans plus tard, c’est à peu près ce qui nous est arrivé quand le rideau de Forest National s’est ouvert sur le show « Parade  ».  Il y avait eu des signes annonciateurs : des hits remuants, des photos troubles, le film Purple Rain. Mais après les années new-wave et le raz-de-marée commercial MTV, rien qui pouvait nous préparer à ça. Une tempête animale, une évidence physique, un choc qui vous projetait ailleurs et pour longtemps. Ses inventions et  sa séduction étaient si parlantes qu’elles vous dictaient vos articles. Etre journaliste musical à la fin des années 80, c’était facile et excitant. Il suffisait de se laisser porter. 

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Tout le monde a vécu la même voluptueuse fascination, le public, les critiques, les artistes. Le moindre maxi portant sa griffe faisait la révolution. Même Paddy McAloon, leader d’un délicat Prefab Sprout à des années lumière du funk de Minneapolis, expliquait qu’il suffisait que Prince Roger Nelson s’enregistre remuant une cuillère dans une tasse pour qu’aussitôt le monde se mette à imiter le « coffee table sound ». Un triomphe aussi populaire fondé sur une telle créativité, on n’avait plus connu ça depuis les Beatles. Sauf que la Beatlemania, n’était qu’un souvenir pour nos parents. Et comme pour les Beatles après leur « White Album », Prince a déposé son chef d’œuvre « Sign o’ the Times », rêvé de sortir son  « Black Album » et s’est épuisé à lutter contre « statut d’esclave » auprès de sa maison de disques. Ensuite, il y eut encore des fulgurances, de la complaisance aussi.

Mais ces cinq années auront suffi pour changer la donne. Plus que Michael Jackson élevé par Motown dans le désir de plaire aux Blancs, Prince a revitalisé la notion de crossover, cette capacité d’amener les  musiques noires au cœur de tous les publics. Mieux que James Brown, il aura mené ses affaires comme il l’entendait et défriché le terrain pour les businessmen du rap. Ce n’est pas par hasard si sa musique est inaccessible en streaming sauf via Tidal, le service digital « des artistes associés » autour de Jay-Z, à la fois nabab et créateur ultimes. Hendrix, The Beatles, James Brown, Jay-Z… Prince était bien incomparable, sinon aux plus grands.

Notre dossier spécial Prince dans le Moustique du 27 avril 2016

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