
Jain, rayon de soleil dans les Nuits

Profusion de choix, concerts à tout va, il y a de ces soirs aux Nuits Botanique où l'on ne sait pas par où commencer. Rotonde, Orangerie, Grand Salon et Chapiteau, quand tous les shows ou presque commencent à la même heure, on sait pertinemment qu'on va rater quelque chose de bien, à défaut peut-être de voir quelque chose de bon. L'effet kinder-surprise. Et puis il y a des soirées aussi où, bonheur ultime, chaque nouveau concert donne l'impression de tirer le jackpot. Ce mardi soir était un entre-deux.
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La preuve avec le concert de Roméo Elvis, lancé pour ouvrir le bal et chauffer la salle de la soirée hip-hop à 20h pétantes. Le MC bruxellois, fils de Laurence Bibot et Marka (tous deux présents dans l'Orangerie), présentait sa collaboration avec le beatmaker The Motel, "Morale", quasi en avant première. Et quelle claque! Backé par Swing de l'Or du Commun, le rappeur installe l'ambiance en deux temps, trois mesures. L'assemblée, de 17 ans de moyenne d'âge, est aux anges. De son mètre nonante, Roméo Elvis à la ville comme à la scène, balance ses titres un à un sur les beats électro du DJ qui l'accompagne. Avec sérieux parfois, mais beaucoup de second degré surtout. Il le prouve en s'inventant un morceau à l'américaine, balançant des paroles en yaourt, pour faire le show et ça marche plutôt bien. Seul bémol, à trop donner, l'artiste manque parfois un peu de souffle, comme sur le titre La Voiture, mais l'ambiance tient miraculeusement, comme une bulle de savon increvable.
Côté Chapiteau, c'est au tour de la jeune française Jain de faire vibrer les choeurs grâce aux titres de son album "Zanaka". Habillée d'une petite robe noire à col claudine, l'artiste attire la foule comme une reine magnétise ses abeilles. Seule sur scène, la chanteuse balance ses nappes de son, créant ses mélodies à l'aide d'une pédale de boucle pour seul filet. Femme-orchestre, Jain enchante le public de son accent chaud, teinté de sonorités reggae, qui agrémente ses titres pop d'une douceur toute particulière. Come, Makeba,… La magie opère à chacun de ses tubes et ravit une assemblée très disparate par rapport aux autres salles, plus homogènes. Un sans fautes pour la demoiselle, manifestement ravie d'être là, d'autant qu'elle avait dû annuler sa venue le 27 novembre dernier.
Retour dans l'antre hip-hop du jour, où Alpha Wann (photo), membre de l'Entourage et de 1.9.9.5, se produit. Accompagné du beatmaker Hologram Lo et du bruxellois Caballero, le MC s'est réinventé un personnage pour l'occasion. Mi-R.Kelly pour le look, tout de blanc vêtu et filet sur la tête, et mi-PNL pour le flow, tranquille et délié. L'Orangerie, moins remplie que lors du concert de Roméo Elvis, accueille pourtant la même tension frénétique. Fans de la première heure du rappeur parisien, l'assemblée scande les paroles de ses morceaux avec énergie et s'énerve même un brin quand Caballero prend trop à coeur son rôle d'accompagnateur. Un peu détaché, la tête ailleurs, Alpha Wann se déplace sur scène avec langueur et médite sur le futur, sans oublier le passé. C'est d'ailleurs avec un des titres de l'Entourage qu'il finira de tester le répertoire de sa fanbase, comme sa prestation d'ailleurs. Ou du moins, c'est comme ça qu'on a envie de s'en souvenir, tant le dernier titre était bâclé.
PHOTO VINCENT KMERON PHILBERT