
Francos 2016 : 3 concerts qu'on a aimés vendredi et un autre moins

Alice On The Roof
«J'étais déjà à l'affiche des Francofolies l'année dernière. Sur une autre scène et à une autre heure. Il y a plus de monde ce soir et j'ai aussi plus de chansons à vous offrir », déclare la jeune Montoise en ouverture de son concert ce vendredi en tête d'affiche du Village Francofou. Et c'est vrai qu'en un an, il s'est passé pas mal de choses. Même en quelques mois, la métamorphose est bluffante. La Alice Dutoit que nous avions ainsi vue en live l'hiver dernier a encore évolué. Sa progression, son travail, sa volonté de proposer un show encore plus abouti scéniquement sont autant de leçons qui devraient inspirer beaucoup d'artistes proposant le même concert formaté du début à la fin de leur tournée.
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A la sortie de son premier album "Higher" en janvier 2016, Alice évoluait en live en formule trio. Ils sont désormais cinq sur scène avec l'apport du bassiste Daniel Hofferman et du claviériste François Gustin, tous deux membres de Girls In Hawaii. Ces renforts ajoutent bien sûr de la musicalité et de la finesse au répertoire, mais permettent aussi à Alice de s'aérer. Moins statique derrière son clavier, elle arpente la scène de gauche à droite et se lance dans des gestuelles aussi suggestives que glamour. Elle sourit et se montre enfin plus à l'aise pour introduire ses morceaux autrement que par des lieux communs. Lancé par le joli Like a dying rose, son set a gagné en nuances. A sa reprise déjà classique du Princess d'Oscar And The Wolf, elle ajoute une relecture du Dancing Queen d'Abba. Les touches d'électro sont plus affirmées et elle transforme son premier tube Easy come, easy go en vraie communion avec le public. Last but not least, si on devine derrière cette prestation très professionnelle les heures passées en coaching, Alice garde ce naturel qui fait la différence et lui permet de voguer loin, très loin, devant la concurrence. Avec Louane, c'était elle la star des Francos ce vendredi.
La Grande Sophie
Il y a des choses qu'on ne s'explique pas. Pourquoi « Nos histoires », septième album de La Gande Sophie n'a pas eu le succès qu'il méritait ? Pour nous, ça reste un des plus beaux disques de chanson française publiés en 2016. Et c'est ce que doit aussi penser le public mélomane des Francos qui a réservé à Sophie Huriaux un triomphe devant la scène Sabam For Culture. La Grande Sophie aujourd'hui, c'est une femme moderne, élégante, pleine d'énergie mais qui assume aussi sa fragilité. Elle joue (très bien) de la guitare électrique, entourée d'un batteur, d'un bassiste et d'un claviériste. Elle offre du voyage, du rythme, de l'émotion. Et on l'aime sous toutes ses facettes: qu'elle nous invite à danser le disco, qu'elle nous emmène dans la chaleur moite d'Hanoï, qu'elle évoque son amie Suzanne ou lorsqu'elle offre une magnifique relecture de Pars de Jacques Higelin, elle a tout bon. Elle a tout juste. Comme elle l'espérait, La Grande Sophie est repartie vers Paris dans son tour bus, avec plein de bonnes vibrations. Et elle nous laisse avec les yeux plein d'étoiles.
Rive
Neuvième et dernier groupe à concourir ce jeudi dans la compétition des talents émergents Franc' Off, Rive a montré en quarante petites minutes qu'il avait déjà un univers bien à lui et s'est imposé méritoirement comme lauréat de cette édition. Et dire que c'était seulement le cinquième concert de ce duo formé de Juliette Bossé (chant, guitare) et de Kevin Mahé. En français dans le texte mais en anglais dans les influences électro dream pop, Rive décline de belles mélodies atmosphériques à l'image de l'éthéré Vogue, seul titre actuellement disponible sur la Toile. Il y a de la mélancolie chez Rive, des refrains en clair-obscur, une voix qui vient se lover dans des arrangements subtils et une entente quasi fusionnelle entre ces deux artistes qui sortiront leur premier EP à la rentrée. On a hâte d'entendre ça. Nous avions mis Rive dans la liste de nos dix concerts à ne pas manquer. Sur ce coup là, on ne s'est pas trompé.
Les Charlots
Mea culpa ! Nous sommes des nuls. Alors qu'on n'a pas cessé de vous bassiner les oreilles avec la reformation de Téléphone (enfin de trois de ses quatre membres) sous le pseudo Les Insus, du retour de Louise Attaque et de Renaud « toujours debout », nous sommes complètement passés à côté du come-back des Charlots. Honte à nous. Heureusement, il y a les Francos pour réparer notre erreur. Les Francos de Spa n'ont pas programmé les Insus (trop chers), elles ont laissé filer Louise Attaque au BSF mais, youpie, elles ont déroulé le tapis rouge pour nos bidasses préférés. Oublié le kaki, c'est en costard très chic, le cheveu poivre sel et avec leur groupe de bal qu'ils sont venus. Et vous savez quoi? A côté d'un triple best of célébrant 50 ans de carrière au sommets des charts (enfin les charts dans les campings), ils annoncent un nouvel album studio. Que nous sommes impatients, que nous sommes impatients... Mais ce jeudi, c'était « greatest hits », farandole, pinard et Jupiler au programme. On a eu droit à des sketches plutôt en-dessous de la ceinture, à des refrains franchouillards et franchement beaufs, à des chansons à boire (L'Apérobic) et à des hommages détournés. Un exemple pour vous faire regretter de ne pas avoir été là ? « Les yeux revolver » de Marc Lavoine se transforme chez eux en « Elle a les yeux Camembert ». Poil au derrière... Et tout ça donc à 18H30 sur la grande scène Proximus. Quel honneur. Il n'y a pas si longtemps, les Francofolies de Spa étaient fières d'afficher leur filiation avec les Francofolies de la Rochelle. A la Rochelle, le week-end dernier, les festivaliers ont eu droit au concert des Insus, à des créations originales de Bernard Lavilliers ou encore aux prestations de Miossec, Keren Ann et d' Ibrahim Maalouf qui viennent tous de sortir des albums passionnants. Nous, on a eu les Charlots et ils ont même chanté Paulette, la reine des Paupiettes. Trop cool .
PHOTO: Jean-Raphaël Marot