
L’école contre le terrorisme

Les arrêts sur images d’horreur se succèdent. D’attentat en attentat, le monde politique se paralyse et radote d’une voix monotone: “Nous mettons tout en œuvre pour améliorer la sécurité….Nous pouvons affirmer que certains attentats ont été déjoués…” De François Hollande à Bernard Cazeneuve, excepté Angela Merkel, tout le monde bafouille cette litanie. Que peuvent-ils encore poser comme actes vraiment rassurants? Aucun. Que leur reste-t-il? La cohérence de l’action. Juste un peu de cohérence. Alors que la Belgique et les USA, notamment, vendent des armes à l’Arabie saoudite, François Hollande remet en mars 2016 en toute discrétion la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Nayef, ministre de l’intérieur. Geste évidemment politico-économique. Pourtant, ce royaume wahhabite a mis en place un redoutable système de prosélytisme mondial pour faire la promotion d’un islamisme rigoriste…
Aux tensions extérieures, s’ajoutent, politiquement, les tensions internes entre la majorité et l’opposition surtout en France et dans une moindre mesure en Belgique et en Allemagne. Ce débat électoraliste amène inévitablement une autre cacophonie. Le monde politique perd en lisibilité pour la population. C’est d’ailleurs exactement ce que recherchent les terroristes. Le moment est donc véritablement venu pour les responsables politiques d’oser reconnaître la limite de leur action. Des militaires dans les rues ne suffisent plus à rassurer.
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Dans L’Express, Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques, déclare que le monde politique paie une addition ancienne: “Plus de vingt-cinq ans après Les versets sataniques, il semble qu’on en ait tiré de mauvaises leçons. Au lieu d’en déduire qu’il faut s’opposer à ces attaques contre la liberté de s’exprimer, on a cru qu’il fallait les calmer par des compromis et des renoncements: le retour du politiquement correct dans les milieux intellectuels et la peur. Pourtant, combattre l’extrémisme, je le répète, n’est pas combattre l’islam. Au contraire. C’est le défendre”.
Sur France Inter, récemment, Olivier Cahn, de la faculté de droit de Cergy-Pontoise, ne cachait pas d’ailleurs qu’“on ne pourra anéantir des gens déterminés et prêts à mourir uniquement par la force de la loi et de l’exception”. Face à cette fatalité, Claude Moniquet, expert en contre-terrorisme, se projette dans le temps: “Il est important de poursuivre les frappes sur les positions de Daesh. Cependant, une fois que les frappes seront terminées, nous continuerons à avoir des problèmes sur notre sol. Chez nous, il faudra une génération pour permettre une réelle avancée dans la lutte contre ces attaques intérieures”. Au moins 20 ans donc. Le monde politique nous doit cette vérité et surtout il convient “d’habiller” avec compétence cet espace-temps à l’heure de l’hyper-rapidité des réseaux sociaux. Il sera impossible de “tenir” vingt ans avec des nouvelles petites mesures toutes les semaines.