Frantz: les secrets et mensonges d’Ozon

Avec Frantz, le réalisateur français François Ozon réinvente le grand récit romanesque. Le tout porté par un impeccable duo d’acteurs.

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  Après nous avoir baladé dans des univers très différents les uns des autres, de 8 femmes à Jeune & jolie, en passant par Potiche, Swimming Pool et le plus récent Une nouvelle amie, Ozon explore un genre nouveau: le drame dans toute sa splendeur. Avec un point commun, sorte de boussole sous-tendant toute l’œuvre du cinéaste: l’impression qu’il donne au spectateur d’être convié à regarder par le trou de la serrure. “Mon but ultime est effectivement, chaque fois, d’entrer dans l’intimité de mes personnages, confirme Ozon. Car je crois que c’est surtout à travers les sentiments et les émotions qu’ils se révèlent. Dans Une nouvelle amie, par exemple, on entrait dans l’histoire grâce au personnage féminin, campé par Anaïs Demoustier. Elle tenait une place d’observatrice, de voyeuse. Et c’est à travers elle que l’on découvrait les autres protagonistes. Dans Frantz, j’ai élaboré le même mécanisme. Mais avec une histoire, un contexte et des antihéros complètement différents. Toutefois, ce style de partition, en permanence sur la corde raide, ne fonctionne qu’avec des acteurs très pros et très crédibles.” Et là, une fois de plus, Ozon ne s’est pas fourvoyé.
Car son actrice, Paula Beer, sorte de Romy Schneider en devenir, tient très finement son rôle d’équilibriste, accumulant les bobards avec un regard angélique. De son côté, Pierre Niney, dont on savait déjà que manipuler la vérité n’était pas un problème pour lui, surtout depuis Un homme idéal basé entièrement sur cette composante, propose un Adrien brillamment torturé par son passé. Bref, le mystère prime de bout en bout sur ce film. Et c’est bien le but du réalisateur. “Aujourd’hui, il semble très problématique de laisser le spectateur libre de juger par lui-même, sans lui asséner des explications ou une morale rassurante, tranche Ozon. Mais c’est pourtant bien mon objectif avec ce Frantz, situé à la frontière et l’immoralité et l’amoralité. Le beau ne me suffit pas. Il faut aussi qu’il suscite des questions, voire l’une ou l’autre indignation.”

FRANTZ, réalisé par François Ozon.  Avec Paula Beer, Pierre Niney,  Ernst Stötzner.113’

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