
Retour à Molenbeek un an après les attentats de Paris

Le 13 novembre 2015, en France et en Belgique, était normalement voué au spectacle et à la fête du football. Ce jour-là, nos Diables rencontrent l’Italie; la France, l’Allemagne. Vers 21h45, juste après le goal de Kevin De Bruyne contre la Squadra Azzura, un bandeau prévient les télé-spectateurs de la RTBF: “Fusillades à Paris”. TF1 fera comme si de rien n’était: il ne fallait pas créer la panique parmi les 80.000 spectateurs du Stade de France… La plupart d’entre eux sont cependant au courant que quelque chose de grave se passe grâce à leur smartphone, qui confirme ce que tous les spectateurs ont entendu résonner à l’extérieur du Stade: trois fortes explosions. Trois attentats-suicides. Les événements se précipitent ensuite et l’on apprend, en direct, l’incroyable scénario: des consommateurs mitraillés à bout portant sur les terrasses, la prise d’otages massive du public d’une salle de concert, le Bataclan, puis leur exécution, de multiples fusillades dans différents quartiers de Paris. Près de quatre heures de terreur qui font 130 morts et 413 blessés.
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Les foudres des commentateurs
Des chiffres et un mode opératoire qu’on croyait réservés à des zones de conflit, Irak, Syrie, Afghanistan. Le choc, énorme en France, l’est presque tout autant en Belgique. Plus une tragédie est proche, plus elle nous touche. Là, elle se trouvait à une heure et quart de train. Voire beaucoup moins. Parce qu’on apprend que c’est une filière franco-belge qui est à l’origine des attentats et que 4 de ses 10 auteurs sont nés et vivent à Molenbeek-Saint-Jean. La commune belge est dès lors considérée mondialement comme la capitale occidentale du terrorisme islamique. Les foudres des commentateurs de la planète s’abattent des semaines durant. D’autant qu’en mars 2016, c’est à Molenbeek que Salah Abdeslam, seul rescapé du commando parisien, est interpellé. Molenbeek dont le nom avait été évoqué lors d’affaires terroristes, paraît, il est vrai, ne pas avoir usurpé sa réputation de foyer d’islamistes. Ce que semble attester, dès 2009, l’enquête de Philippe Cohen-Grillet, Nos années de plomb. Tout de même, le choc est rude. “Après les attentats de Paris, Molenbeek a été touchée de plein fouet et c’est compréhensible, commente Françoise Schepmans, sa bourgmestre. J’étais au restaurant le 13 novembre et j’entends qu’il y a des attentats à Paris, le lendemain on me rapporte qu’on a retrouvé un ticket d’un parking de Molenbeek dans une des voitures impliquées, et le jour d’après, le dimanche, lorsque j’arrive à la Maison communale, la place était remplie de représentants des médias internationaux. Lorsque je suis sortie de ma voiture, je me suis fait interpeller agressivement par un journaliste français: “Vous vous rendez compte de ce qui s’est passé? Mais comment est-ce possible d’en arriver là dans une commune, devenir un incubateur de terroristes?” J’ai vécu les événements dans l’immédiateté. Sans recul. Il fallait répondre sur-le-champ aux nécessités de terrain: encadrer par notre police locale les opérations du fédéral.”
Pour découvrir la suite de notre dossier avec notamment un article sur l'analyse de l'impact des opérations de police et du bashing médiatique sur Molenbeek, mais aussi une sélection des émissions qui seront diffusées 1 an après les attentats de Paris, rendez-vous en librairie ou sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.