
Lanceurs d'alerte: des sources à protéger

Qu’appelle-t-on vraiment un lanceur d’alerte? Selon Jean-Paul Marthoz, actuel conseiller du Committee to Protect Journalists, le concept est surtout connu par son aspect le plus “journalistique”: “la volonté de dénoncer des pratiques non éthiques ou non morales dans l’intérêt public”. Mais notons bien que toute personne contactant la presse mais agissant plus dans son intérêt personnel que pour le public n’est pas considérée comme un lanceur d’alerte, c’est alors au journaliste, au vrai, de bien repérer l’imposteur.
L’actuelle focalisation sur le lanceur d’alerte amène certains à penser qu’il peut jouer lui-même le rôle de journaliste moderne ou qu’il est en tout cas devenu indispensable à ce dernier. “Le lanceur d’alerte peut se trouver dans une position où il est le seul à détenir une information, concède Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Mais à côté de ça, il n’a pas toujours l’habileté pratique, la capacité de recouper l’information et de la vulgariser qu’un journaliste se doit de posséder. Les deux fonctionnent un peu comme un couple.
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Gorge profonde
Une société dépendante des lanceurs d’alerte serait d’ailleurs révélatrice de deux problèmes importants: tout d’abord un manque d’obstination des journalistes pour trouver eux-mêmes les informations qu’ils recherchent - “Dans l’affaire du Watergate, ce n’est pas Gorge Profonde qui voulait parler, c’est l’acharnement des journalistes qui l’a convaincu”, cite Jean-Paul Marthoz en exemple. Ensuite, “cela soulignerait le fait que la démocratie actuelle ne prévoit pas suffisamment de systèmes de contrôle, de contre-pouvoir et de responsabilité. Il faut que les institutions soient contrôlées en interne et en externe sans qu’on ait besoin de les dévoiler sur la place publique”.
Dès qu’il y a un risque de camouflage d’informations, il faudrait donc une législation forte autorisant l’accès à l’information. La transparence totale ? “Non non, tempère Ricardo Gutiérrez. L’information du lanceur d’alerte, si elle n’est pas triée et filtrée, peut mener à un phénomène type “Big Brother” où tout le monde sait tout sur tout le monde et où le moindre espace d’intimité est réduit à néant. Et puis le journaliste doit tenir compte des répercussions possibles de son information en protégeant ses sources si besoin. Il a une responsabilité sociale là où le lanceur d’alerte est un individu qui n’a pas de comptes à rendre.” En Belgique, il n’existe cependant pas encore de législation qui défend le lanceur d’alerte, même si certains politiciens poussent la Commission à s’y atteler.
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