Emma Watson, Beyoncé, Lady Gaga,... la nouvelle vie du féminisme

De Emma Watson à Beyoncé en passant par Lady Gaga, les stars se revendiquant “féministes” ne se comptent plus. Un mouvement si populaire que les politiques en ont fait un nouveau thème de campagne. Derrière les déclarations, il y a pourtant encore du boulot… 

La nouvelle vie du féminisme ©Reporters

Le temps où la lutte contre le sexisme était réservée à quelques groupuscules de femmes souvent mal considérés est dépassé. Désormais, l’égalité des sexes est revendiquée jusque dans nos séries télé, nos films et nos musiques préférés. De Rebelle à La reine des neiges, la quête d’indépendance des femmes préoccupées par bien d’autres choses que de se trouver un mari beau, fort et intelligent s’est même emparée des dessins animés de nos enfants. Et ces héroïnes parviennent à leurs fins avec un courage et une intelligence que de nombreux hommes leur envient certainement. Jusqu’ici, avec Cendrillon, Blanche-Neige ou La Belle au bois dormant, le portrait était moins flatteur. Même archaïque. Alors quand elle doit reprendre un classique de Disney au cinéma, l’actrice Emma Watson, aussi ambassadrice des femmes auprès des Nations unies, choisit de redéfinir son personnage. 

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Des bottes pour Belle

Belle, de La Belle et la Bête dont le remake sortira en mars prochain au cinéma, ne sera pas qu’une jeune et jolie brune rêveuse et romantique adepte de lecture. “Mais plutôt une femme intelligente qui a inventé un genre de machine à laver. Comme ça, à la place de faire la lessive, elle pourra lire et apprendre. Ma Belle est un inventeur”, détaille celle qui joue Hermione dans la saga Harry Potter. Pas question, non plus, de lui faire porter de trop jolies robes. “Dans le dessin animé, Belle porte des chaussures de balais. Or, dans le film, je la fais monter à cheval, s’occuper du jardin, faire de la mécanique. Alors j’ai opté pour les bottes.” 

Des enjeux économiques 

Ce nouvel élan ne s’arrête pas là. Le mois dernier, à la Fashion Week de Paris, une créatrice Dior a présenté une collection ouvertement féministe, invitant Marion Cotillard et Rihanna au premier rang. Beyoncé enchaîne, elle, les concerts “féministes”. L’écrivaine Virginie Despentes, l’actrice Natalie Portman, mais également, côté hommes, l’humoriste français Guillaume Meurice et la star de Master Of None Aziz Ansari… Tous se revendiquent féministes. 
Le mouvement n’a jamais été aussi pop et à la mode. Mais la démarche de ces personnalités est-elle sincère? “Une star comme Lady Gaga qui se dit féministe mais qui est hyper-sexualisée fait surtout ça pour donner du rêve au public. Elle défend les droits des femmes en se représentant comme une femme-objet. On peut bien sûr se dire que, justement, elle est libre de faire ce qu’elle veut de son corps. Sauf que si on analyse le phénomène, on se rend compte que ses choix sont dictés par des enjeux économiques et marketing, répond Alicia Novis, spécialiste “Média-Culture-Éducation” et chargée de communication au sein de l’ONG Le Monde selon les femmes. Le but premier d’une nouvelle tendance dans la culture est toujours de satisfaire les attentes du public et de vendre.” 

Les héros et héroïnes moins hétéronormés

Le phénomène “girl power” dans les médias n’est évidemment pas tout noir pour autant. Il permet d’atteindre un public peu touché par les actions des mouvements militants et associatifs. “Les héros et héroïnes sont moins hétéronormés que dans le passé. Aujourd’hui, un personnage de fiction ne rentre plus dans une seule catégorie et est multiple. Cela permet forcément de faire prendre conscience au spectateur qu’il existe plusieurs façons d’être femme.” 
La société a pourtant beaucoup de mal à l’accepter et voit encore principalement la femme comme une mère aimante, limite femme au foyer ou qui occupe des fonctions à faibles responsabilités. Même en Belgique. À Bruxelles, par exemple, seulement 27,6 % des entrepreneurs sont des femmes. Le taux monte à peine à 31 % en Wallonie et 31,5 % en Flandre. Bien sûr, sur papier, elles peuvent toutes entreprendre. Mais devenir chef d’entreprise demande énormément de sacrifices, notamment familiaux. Et renoncer à son statut de mère est encore extrêmement mal considéré. Heureusement, certains pays font mieux. La Belgique n’est qu’à la 24e position du dernier classement établi par le Forum économique mondial sur l’égalité hommes-femmes. 

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