

Àl’heure où la question de l’identité en Belgique semble avoir remplacé la devise immortelle “Le Roi, la loi, la liberté”, à l’heure où la religion occupe le devant de la scène, où chaque question emmêle la compréhension et éloigne le respect, il est avantageux de trouver à parler de vivre ensemble. Et encore mieux, de le constater. Monia Gandibleux, elle, a carrément décidé de le construire. Professeur investie et désireuse de faire changer les choses, elle se bat jour après jour pour que ses élèves du secondaire de l’institut de la Sainte-Famille à Schaerbeek soient le mieux armés pour débuter leur vie d’adulte. Ses valeurs sont simples, mais essentielles: la tolérance, la curiosité et l’intégrité. Pour les défendre, elle multiplie les initiatives, les débats, les visites, les sorties scolaires. Bref, une enseignante qu’on a plus l’habitude de croiser à l’écran, dans des films comme Entre les murs ou plus récemment Les héritiers, que dans les classes.
Alors, quand on lui propose de faire partir ses élèves à Auschwitz, un voyage initié par l’UEJB (l’Union des étudiants juifs de Belgique), par l’intermédiaire de la réalisatrice Safia Kessas de la RTBF qu’elle a rencontrée lors d’une représentation de la pièce Djihad, elle n’hésite pas une seconde. Du côté de la direction de l’établissement, où s’entremêlent des élèves de toutes les confessions, la décision semble moins évidente à prendre. On lui rétorque qu’elle n’aura jamais personne à ce voyage et qu’il est nécessaire que les étudiants rédigent une lettre de motivation pour y participer. “Ce n’est pas à leur âge qu’on est désenchanté. Ils ont des préjugés, mais ils sont curieux, ils veulent tout savoir. J’étais certaine qu’on aurait du monde” commente Monia Gandibleux.
Pourtant, le conflit communautaire qui oppose d’un côté les Juifs et de l’autre les musulmans semble s’intensifier de mois en mois. En cause, un devoir de mémoire en perte de vitesse et surtout une guerre étrangère comme unique seul dénominateur commun: le conflit israélo-palestinien. Pour tenter d’y remédier et effacer les tensions, il est nécessaire de prôner la compréhension de l’histoire plutôt que son apprentissage. “Nous voulons être des citoyens critiques, solidaires et actifs” explique Jonathan De Lathouwer, ancien président de l’UEJB. “Une initiative comme ce voyage s’inscrit complètement dans notre logique. C’est un enjeu indispensable. Il y avait tellement de préjugés qu’on entendait partout, qu’on lisait sur les réseaux sociaux, qu’on devait agir dans les écoles, prendre les devants.”
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