Breaking Bad Belgium

Deux entreprises belges sont poursuivies pour avoir fourni un baron de la drogue mexicain. Et si deux de nos fleurons industriels étaient en fait des criminels en blouses blanches ?

Breaking Bad Belgium ©Belga

C’est la dernière histoire belge. Fin 2015, la firme anderlechtoise Sterop remporte l’award du meilleur exportateur bruxellois. “Nous sommes très fiers d’être une société familiale, locale et dont les produits de qualité sont reconnus à l’international, se félicite alors Sophie Eykerman. Nous n’allons donc pas vers le client, c’est lui qui vient à nous!” Un an plus tard, la CEO, son père et cinq autres dirigeants d’entreprises pharmaceutiques belges sont poursuivis devant le tribunal correctionnel pour avoir fourni… un baron de la drogue mexicain en éphédrine et pseudoéphédrine. 

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Ces deux substances sont en fait les principes actifs utilisés notamment dans les décongestionnants et les sirops contre la toux, mais aussi  comme “précurseurs” (ou matière première) dans la fabrication de méthamphétamine. Ou plus précisément de son dérivé “crystal ice”, un stimulant particulièrement dévastateur et addictif. Bien que les deux firmes poursuivies - la bruxelloise Sterop et la flamande Andacon - minimisent le poids de ces “commandes”, on parle tout de même d’un contrat Sterop de 500.000 euros. De quoi fabriquer, au total, quelque 66 millions de comprimés de méthamphétamine et générer 360 millions d’euros de profit. Pas vraiment du petit deal. 

Des étiquettes de médicaments périmés

Lors de la dernière séance, le parquet fédéral a notamment réclamé des peines de prison de 4 et 5 ans pour les dirigeants bruxellois. Précisons aussi que la firme primée n’est pas vraiment une inconnue de la justice bruxelloise. Luc Eykerman, ex-directeur et père de l’actuelle CEO de l’entreprise, a déjà été poursuivi pour avoir falsifié des étiquettes de médicaments périmés avant de les exporter vers l’Afrique. Une vieille habitude, semble-t-il, puisque le père et la fille sont aussi suspectés d’avoir importé des médicaments de Chine et de les avoir étiquetés “made in Belgium” avant de les réexporter vers le continent africain.

On signalera aussi que chez Luc Eykerman les étiquettes politiques aussi sont trompeuses. Fondateur du Parti libéral chrétien, devenu Parti pour la liberté du citoyen, soit deux appellations aux accents démocratiques, ce militant d’extrême droite proche du Front National pilote désormais les sections du Parti populaire d’Anderlecht, de Molenbeek, Forest et Saint-Gilles. Jusqu’au prononcé du jugement, en tout cas. Pour la petite histoire, la famille Eykerman était notamment conseillée dans cette affaire par Sven Mary. Mais lorsque l’avocat a accepté la défense de Salah Abdeslam, Mary s’est fait jeter par les Eykerman qui ne voulaient en aucun cas être associés au suspect des tueries parisiennes de novembre 2015.

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