Alfred Bernard: "L’impact du glyphosate consommé par voie alimentaire est minime"

Après le glyphosate, la Wallonie s’apprête à proscrire les néonicotinoïdes. Pourtant, selon le toxicologue Alfred Bernard, ces produits seraient surtout victimes d’un “marketing de la peur”. Nous aurions tout intérêt à ce qu’ils soient encadrés plutôt qu’interdits.

Après le glyphosate, la Wallonie s'apprête à proscrire les néonicotinoïdes. ©Fotolia

Dès le 1er juin 2017, les particuliers ne pourront plus utiliser d’herbicides contenant du glyphosate en Wallonie, dont le fameux Roundup. Un an plus tard, les pouvoirs publics devront également s’en passer. Comme en Belgique rien n’est jamais simple, l’interdiction de vente doit, elle, être prise à un autre niveau de pouvoir. Ces produits seront donc encore commercialisables, mais les vendeurs auront l’obligation de rappeler systématiquement l’interdiction d’usage. 
Début mai, le gouvernement wallon a aussi annoncé vouloir faire la peau des insecticides à base de néonicotinoïdes. Sauf que ces interdictions pourraient laisser la place à des substituts plus néfastes encore. C’est pourquoi le professeur de toxicologie de l’UCL Alfred Bernard, qui dénonce régulièrement les résultats d’un “marketing de la peur” au profit d’intérêts commerciaux ou politiques, lève la voix pour s’opposer àe cette prohibition.

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Quels sont les vrais dangers du glyphosate ?

ALFRED BERNARD - Le citoyen consomme essentiellement les herbicides, donc le glyphosate, via l’alimentation et principalement les fruits et légumes. L’agence internationale de recherche sur le cancer (Iarc) a placé ce produit dans la catégorie des substances “cancérigènes probables”. Il pourrait aussi y avoir des impacts sur la qualité du sperme. Je reste toutefois extrêmement prudent. L’Iarc est une institution vieille de 40 ans dont les règles de classification n’ont pas changé. Un tas d’autres études, notamment de l’Agence européenne chimique (Echa), la European Food Safety European (Afsa) ou encore l’Institut allemand d’évaluation des risques, disent au contraire qu’une contamination humaine est “improbable” via l’alimentation ordinaire.

À haute dose, le glyphosate n’est-il pas mortel ?

Il faut mettre les choses dans leur contexte. Un fruit cultivé avec du glyphosate en contient une faible dose, presque négligeable. Les fruits et légumes ont des effets protecteurs extraordinaires. Si on en consomme cinq par jour, même avec du   glyphosate, les risques de cancers et de maladies cardiovasculaires diminuent de 20 à 30 %. Le glyphosate est un herbicide de dernière génération, bien moins toxique que ce que les agriculteurs utilisaient il y a vingt ans. Ceci étant dit, une surconsommation de glyphosate pourrait en effet engendrer une intoxication aiguë fatale. Là aussi, il faut prendre de la hauteur. Pour que cela se produise, il faudrait en boire au moins 200 millilitres. On ne fait pas ça avec de l’eau de Javel. Je ne vois pas pourquoi on ferait ça avec du glyphosate. 

Certaines personnalités, dont Alex Vizorek et Charline Vanhoenacker, ont été testées positives au glyphosate. Résultat: 1,25 microgramme par litre de sang. 

L’idéal serait évidemment qu’il n’y en ait aucune trace. Mais cette quantité n’est pas particulièrement inquiétante pour autant. La majorité des études démontrent que l’impact du glyphosate consommé par voie alimentaire est minime. On observe par contre des impacts plus probables chez les professionnels, par voie cutanée ou respiratoire.

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