Les voitures à essence à injection directe sont-elles de futures pollueuses en série?

Réputées moins gourmandes et plus propres, et promues par les constructeurs, les voitures à essence à injection directe sont-elles en train de reproduire les mêmes dérives qui ont mené au dieselgate?

belgaimage-22114590-full

En Suisse, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) a mené une batterie de tests sur sept voitures à injection directe de différentes marques, une de 2001, six autres sorties d’usine entre 2010 et 2016, ainsi qu’une voiture diesel de 2013 à titre de comparaison. Tous ces véhicules ont été soumis au test WLTP (Worldwide Light-Duty Vehicles Test Procedure), obligatoire pour tous les modèles dès septembre prochain.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Or selon ce laboratoire, ces véhicules à essence rejetaient entre 10 et 100 fois plus de particules fines que la voiture diesel de comparaison. Ces particules, qui ont valu au diesel sa mauvaise réputation, peuvent passer dans le système cardio-vasculaire et y rester longtemps, une fois inhalées. Elles fonctionnent de surcroît comme des chevaux de Troie en véhiculant des substances toxiques. À leur surface, se trouvent des résidus solides ou liquides de la combustion, des hydrocarbures aromatiques polycycliques comme le benzopyrène par exemple, un cancérigène présent aussi dans la fumée de cigarette.

Filtre à particules

Là aussi, la voiture diesel de comparaison s’en sort mieux: lors du test, elle n’a émis que 45 nanogrammes de substances cancérigènes, soit six fois moins que la meilleure des voitures à essence. Le Laboratoire souligne qu’avec la tendance au «downsizing» en vogue chez les constructeurs – soit des moteurs à essence de plus faible cylindrée mais avec injection directe à haute pression dans les cylindres et turbocompresseur –, ce sont 50 millions de véhicules utilisant ce type de technologie qui circuleront en Europe à l’horizon 2020.

Pour Norbert Heeb, le chimiste de l’Empa qui a dirigé ces travaux, il y a donc urgence: il faut en moyenne treize ans pour que neuf voitures sur dix soient remplacées et qu’une nouvelle technique de dépollution déploie ses effets. Or les filtres à particules, obligatoires sur les voitures diesel, constituent désormais une technologie éprouvée depuis l’entrée en vigueur de la norme Euro 5 en septembre 2009. D’aucuns plaident pour qu’ils soient généralisés aux nouveaux véhicules à essence.

Pour découvrir la suite de notre dossier consacré à la pollution automobile, rendez-vous en librairie ou sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.

 

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité