
Elio Di Rupo: "Mais qui êtes-vous pour dire ça?"

Jeans, baskets, cheveux auburn, chemise blanche. Elio Di Rupo new-look nous reçoit chez lui. Sur sa cheminée sont posées une photo de lui avec sa maman et une autre derrière, de lui avec Barack Obama. L’ensemble repose sur sa thèse de doctorat en chimie. Toute une vie. Toute une légende. On aperçoit pêle-mêle un CD de Serge Gainsbourg, de Mozart et d’Alice on the roof. Elio Di Rupo vit à deux pas de la grand-place de Mons, de la maison communale et du musée depuis presque trente ans. Autour de la table en verre s’alignent des fauteuils rouges et design. “Ah, si elle pouvait parler… Elle en a vu des formations de gouvernement, cette table”, dit-il avec un clin d’œil. “Avec Guy Verhofstadt et tant d’autres… On était à l’abri de toute indiscrétion. C’était idéal.” Il dit qu’il est urbain. Il rappelle qu’il a grandi dans une cité ouvrière avec sa mère.
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Il file faire un café dans la cuisine ouverte dont il a lui-même dessiné les plans. Il reçoit souvent chez lui pour des réunions de travail et fait même à manger. Des pâtes à l’arrabiata, sa spécialité. Sur la table, un cadeau du président chinois reçu “lorsque j’ai négocié la venue des pandas”. Le président du PS, qui vient de sonner l’heure de l’écosocialisme, entrouvre un instant un second salon: une table entourée de chaises vertes. Il sourit. Mais il s’inquiète plusieurs fois: “Vous avez reçu mon livre?”. Oui, on a bien reçu Nouvelles conquêtes. L’entretien sera offensif. Les réponses défensives.
Cela fait des semaines que Moustique voulait vous interviewer. Encore la semaine passée… Vous vouliez attendre votre livre. Pourquoi?
Elio Di Rupo - Il y a une petite année, j’avais mûri l’idée qu’il fallait conduire le lecteur, le citoyen à travers une histoire qui est à la fois mon histoire personnelle et celle des mutations de notre société. Puis je formule des propositions. Il y a la question des revenus qui sont trop faibles, à force d’avoir voulu réduire les allocations et bloqué les salaires. Aujourd’hui, une partie de la population a une révolte intérieure parce qu’elle ne s’en sort plus à la fin du mois. La seconde question est celle du chômage massif. Je connais le discours de certains néolibéraux, ce seraient des assistés. Ce n’est pas vrai. Moi je tiens des permanences sociales, les gens viennent me voir et pleurent. Une très grande masse ne demande qu’à travailler. Troisième élément, on doit être dorénavant le parti du défi social mais aussi du défi environnemental.
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