Le gaz naturel, une alternative aux moteurs thermiques

À court terme, l’alternative la plus crédible aux moteurs thermiques ne serait pas l’électrique mais… le gaz naturel. Il coûte moins cher que l’essence, pollue moins et on en trouve partout.

Le gaz naturel pourrait bien être la meilleure solution. ©Nicolas Sohy

D’un point de vue strictement écologique, les voitures ne sont pas tellement à blâmer. C’est plutôt le carburant consommé qui est néfaste. Actuellement, l’immense majorité des véhicules à quatre roues (94 %) roulent grâce à des produits pétroliers, c’est-à-dire à l’essence ou au diesel. Outre le fait que le pétrole pourrait devenir une denrée rare, et donc chère, à horizon 2050, il devient urgent de trouver une meilleure option. Certes, la voiture électrique est prometteuse, car elle ne produit quasiment pas de dioxyde de carbone. Mais elle reste relativement chère, peu performante en termes d’autonomie et les infrastructures sont encore trop rares.

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Alors que faire si l’on souhaite dès aujourd’hui troquer sa voiture à pétrole pour un carburant moins polluant ou meilleur marché sans changer ses comportements de déplacement? Le gaz naturel pourrait bien être la meilleure solution. Précisons qu’il existe deux grandes catégories de gaz naturel. Le gaz naturel comprimé (CNG) et le gaz naturel liquéfié (LNG). Le premier peut alimenter un véhicule de la même façon qu’un carburant au pétrole, mais a besoin d’environ deux fois plus de place dans le réservoir pour contenir la même quantité d’énergie. Selon les modèles, il est ainsi possible de rouler 400 à 500 kilomètres avec un plein. À quantité équivalente avec le CNG, le second permet une plus grande autonomie. Il est donc principalement destiné aux véhicules ayant de grandes exigences kilométriques. Parfois méconnus, ces “nouveaux” carburants sont déjà des options crédibles depuis que l’UE a imposé aux États membres d’instaurer un “nombre approprié de points de ravitaillement” en 2014. Ainsi, l’Italie, premier pays d’Europe, possède 1.173 stations de gaz naturel sur son territoire et 3 millions de véhicules CNG ou LNG y sont en circulation. 17 autres pays à travers le monde ont dépassé le million. Chez nous aussi, le gaz naturel fait son petit effet. Guy Coppey a été l’un des premiers à y passer en 2011 à des fins professionnelles. Cofondateur du service de catering “Trait-Event”, il a à l’époque accepté une mission pour Dats 24, l’un des fournisseurs de gaz naturel en Belgique et s’est laissé convaincre. “Nous devions justement changer deux véhicules et la question environnementale me préoccupait particulièrement”, confie-t-il depuis son atelier anderlechtois.

115 stations équipées en gaz naturel

Le gaz naturel de fait pollue moins que les carburants traditionnels. “Il ne produit pas de particules fines”, explique Michel Wautelet, professeur de physique à l’UMons, spécialisé dans les technologies automobiles et membre d’Aspo Belgique, l’association d’étude du pétrole et du gaz. “Il produit de plus environ 25 % de dioxyde de carbone en moins que l’essence.” Jorge, 65 ans, lui, a fait ce choix pour des raisons budgétaires. Dans une station nivelloise, la main sur le pistolet, il explique: “Je mets 10 euros de CNG. Je vais pouvoir rouler 300 kilomètres. Alors c’est vrai, le véhicule coûte légèrement plus cher à l’achat, même s’il y a des modèles neufs à moins de 10.000 euros. Mais au final, j’épargne un tiers du prix du carburant par rapport à mon ancienne voiture à essence”.

Guy regrette néanmoins que les véhicules au gaz naturel soient encore équipés d’un moteur thermique d’appoint. “Sur nos deux véhicules CNG, on a des réservoirs d’essence de 10 litres. On n’a pas le choix. Alors on est taxé comme pour une voiture polluante. Regardez, sur ma carte grise, c’est écrit que je produis 156 g de CO2 par kilomètre. Sauf que c’est uniquement vrai si j’utilise le moteur thermique. Et je ne le fais jamais…”  En six ans, Guy a pu observer l’évolution des stations de ravitaillement. “Au début, elles étaient assez rares, même si j’avais de la chance car il y en avait déjà deux à Anderlecht. Désormais, il y en a vraiment partout. Je ne me préoccupe plus tellement de mes déplacements.” En Belgique, il existe au total 115 stations équipées en gaz naturel dont la localisation se trouve sur le site web de l’association belge des véhicules au gaz naturel (www.ngva.be). Des dizaines de stations supplémentaires seront équipées dans le courant de l’année ou la prochaine. Seul bémol: le CNG est trop peu puissant pour faire rouler les gros calibres. Le LNG pourrait par contre faire l’affaire, bien que les doutes persistent. C’est pourquoi l’Union européenne a récemment lancé le projet “LNG Blue Corridor” afin de découvrir si les camions peuvent effectivement rouler au gaz. À l’heure actuelle, 23 millions de kilomètres ont déjà été effectués par des poids lourds sur le continent européen.

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