Philippe Close: "Ma détermination est totale"

Contrasté, rusé, musclé, campé sur ses positions. Philippe Close, le nouveau bourgmestre de Bruxelles, est déterminé à rembarrer la droite qui frappe aux portes de la capitale à coups de tolérance zéro.

Philippe Close ©Olivier Pirard

Il a troqué son éternelle chemise blanche pour la seule bleue de sa garde-robe. Jamais de rouge car il n’est “pas un clown”. Il s’installe sans façon au milieu du bureau doré de l’Hôtel de ville de Bruxelles. Pas de café pour lui qui s’est mis au thé depuis quatre ans, depuis qu’il a arrêté la cigarette. “Je fumais comme un turc”, confie-t-il, dans un éclat de rire. Philippe Close, en rugbyman de la politique, sort de la mêlée pour replacer le ballon ovale dans le camp de la “vraie” capitale. Bruxelles mènerait face à Anvers, si on le suit.

Vous êtes bourgmestre de Bruxelles depuis cinq mois. Vous voilà confronté à des émeutes qui font mal. 

Philippe Close - Si on n’est pas prêt à affronter ça, il ne faut pas être bourgmestre de la capitale de l’Europe. Quand on a des responsabilités, quand on est président de la plus grande zone de police du pays, l’ordre public c’est essentiel. Dans cette zone de police, on accueille les sommets les plus importants du monde. On a vraiment des officiers très expérimentés. La population doit le savoir. Le problème, c’est le nombre: on a un déficit de cadres. Avec les attentats, avec le niveau 3, avec les sommets européens, avec les 900 manifestations revendica- tives que nous avons par an, donc trois par jour rien que sur le territoire de la ville de Bruxelles, on a beaucoup à faire. Donc il faut un renfort d’hommes.

Ça explique ce qui s’est passé mi-novembre, ce déficit de policiers ?

Rien n’explique ce qui s’est passé dans le chef des émeutiers, des casseurs. Moi, je considère toujours qu’on peut s’améliorer. Mais la police, en moins de trois heures, a sécurisé la zone, a ramené au calme. Pas de blessés parmi la population. Les officiers ont fait leur boulot. Le vrai problème, c’est qu’il s’agissait de multirécidivistes. Je ne suis pas d’accord qu’on fasse le procès du quartier Anneessens. Ce quartier, je l’habite depuis 17 ans. C’est un quartier qui accueille toutes les nationalités du monde, dans lequel il se passe beaucoup de choses.

Pour vous, c’est la faute à de la racaille ?

Je ne suis pas dans la stigmatisation. Ce sont des délinquants qui doivent être poursuivis par la justice, point. Le but d’un bourgmestre n’est pas d’injurier. Il faut utiliser les mots justes. Je suis juriste. Ce sont des fauteurs de troubles qui doivent être poursuivis. Le reste, c’est du slogan. Mon boulot, c’est de trouver des solutions. Et les solutions, elles passent par un renfort de la police, un renfort de la justice et peut-être aussi des politiques de proximité. Mais ces politiques, elles sont là.

Anvers est privilégiée ?

C’est un fait. C’est là-bas que sont lancés les projets pilotes. C’est là qu’on refait le Palais de justice alors qu’on ne le refait pas à Bruxelles. Ce sont eux qui reçoivent les investissements. Le centre de gravité a bougé. C’est regrettable. Au départ, je n’ai rien voulu dire. Mais certains veulent à nouveau montrer du doigt Bruxelles et son cosmopolitisme. La N-VA hait ce que représente Bruxelles. Bruxelles, c’est 184 nationalités. C’est la plus grande ville cosmopolite du monde. 35 % des Bruxellois n’ont pas la nationalité belge et parmi ceux-ci, 80 % sont des Européens. C’est une vraie chance. Le mélange fonctionne. De temps en temps, il dérape. À nous de rappeler la loi. Et on n’est pas des mendiants à Bruxelles. On est allé chercher les moyens pour engager des policiers, mais le recrutement est fédéral. Et s’il n’y a pas des moyens pour la justice, pour rappeler la norme aux délinquants arrêtés, ça ne marchera pas.

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Moustique du 29 novembre 2017 - Cover ©Moustique/Aurélie Charlier

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