
Des femmes qui cassent les clichés

Les clichés ont décidément la vie dure. Alors que le harcèlement sexuel truste encore la une des médias et que l’égalité salariale fait plus que jamais débat, les femmes sont toujours sur- ou sous-représentées dans certaines professions. On s’étonne donc, en 2018, de voir une femme mécanicienne, conductrice de poids lourds, informaticienne ou ingénieure. La moitié des femmes actives travaillent ainsi dans les secteurs des soins de santé, de l’aide à la personne, de l’enseignement et du personnel ménager, contre seulement 7 % des hommes. À l’inverse, ceux-ci sont largement majoritaires dans les domaines de la construction et l’ingénierie.
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Et plus le niveau de fonction est élevé, plus la proportion de femmes diminue. Ainsi, moins de 10 % des membres des conseils d’administration des grandes entreprises belges sont féminins. “On remarque pourtant que les femmes sont de plus en plus hautement qualifiées, analyse l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Leur niveau de formation est en moyenne plus élevé que celui des hommes. Malgré cela, la tendance ne s’inverse pas sur le marché de l’emploi.” C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent la chute de la Belgique de la 10e à la 31e place entre 2012 et 2017 au classement mondial de l’égalité des genres, le “Global Gender Gap Index”.
Rose pour les filles
2017, c’était aussi l’année des 10 ans de la loi destinée à lutter contre la discrimination de genre. Pourtant, l’Institut reçoit toujours un max de signalements dans ce domaine, dont 69 % émanent de femmes. “Elles vont être discriminées à tous les stades de l’emploi, de l’embauche à la fin de leur contrat de travail. En revanche, les hommes ne rencontrent ce problème que lors de l’embauche. S’ils le rencontrent.”
Depuis la petite enfance, c’est la même rengaine. “On attend des filles qu’elles soient sensibles, à l’écoute, et des garçons qu’ils se montrent compétiteurs, forts, ingénieux.” Et c’est probablement à ces stéréotypes que l’on doit une partie des divisions actuelles au niveau de l’emploi. Cette influence sur le caractère se traduit également sur le choix d’études: les filles sont majoritaires en sciences psychologiques et éducation, langues et lettres, communication. La tendance s’inverse dans les filières de l’économie, des sciences et de l’informatique.
Nos métiers auraient donc un sexe? “Dans certains secteurs, c’est une réalité, mais cela n’a jamais empêché les femmes de travailler dans la construction et les hommes de travailler dans l’éducation”, rappelle l’Institut. La plus belle des preuves, ce sont ces balayeuses de rue, informaticiennes, peintres ou ingénieures: il est possible de travailler dans des métiers dits “d’hommes” par passion et non par obligation.
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