
Les industriels du tabac trichent et trompent les fumeurs

Un jour, pour la première fois, on voit les images d’archives tournées à la libération des camps nazis, les milliers de cadavres nus, les entassements de chaussures, de lunettes, de cheveux, les squelettes survivants… C’est le jour où l’on comprend jusqu’où certains hommes peuvent aller. De ce jour, on se souvient toute sa vie. Parfois, l’actualité vous rappelle que cette morsure n’appartient pas qu’au passé.
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Samedi, le journal de référence Le Monde a relayé la plainte déposée en France par le Comité national contre le tabagisme contre quatre grands cigarettiers. Au bout de huit mois de travail, en s’appuyant sur des documents confidentiels de l’industrie du tabac, l’association accuse Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco International et Imperial Brands de falsifier sciemment les tests de nocivité de leurs produits. Le principe de cette triche qui touche 97 % des cigarettes est simple: leur filtre est ventilé de trous minuscules qui diminuent les concentrations de goudron et de nicotine quand la fumée est aspirée par une machine à fumer. Mais quand un être humain fume, ses doigts et ses lèvres couvrent l’essentiel de ses trous et les taux de goudron, cancérigène avéré, et de nicotine s’envolent (respectivement de 2 à 10 fois et 5 fois plus).
Le but de l’opération: passer sous les radars tout en maintenant le pouvoir addictif de la cigarette. Faut-il rappeler que le tabac, première cause de mortalité évitable, est le produit le plus meurtrier fabriqué par l’homme (encore 480.000 décès/an aux USA, 78.000 en France, 18.600 en Belgique dont un sur dix dû au tabagisme passif)? Ces vingt dernières années, le nombre de fumeurs a continué à grimper dans les populations aux revenus faibles, moins informées, moins protégées et cyniquement ciblées par les cigarettiers. Il y a trois ans, Robert Proctor, scientifique de la prestigieuse université de Stanford, a publié un brûlot de 750 pages sous-titré “La conspiration des industriels du tabac”. Il avait osé l’intituler: Golden Holocaust.