Massacre en Syrie: une roulette russe incontrôlée ?

En quelques jours, c’est plus de 500 civils dont de très nombreux enfants qui ont payé le prix fort d’un jeu de massacre mené par Assad et son allié, la Russie. 

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Les images sont terribles. Un père qui serre une dernière fois son bébé ensanglanté. Une petite fille en état de choc qui cache les yeux de sa poupée. Les témoignages paraissent, eux, planer sur ces atrocités. Ils rappellent ce chef-d’œuvre de la littérature documentaire: Une femme à Berlin. On y lisait la vie quotidienne d’un abri de la capitale allemande sous les bombes alliées. Ce journal avait été écrit entre le 20 avril et le 22 juin 1945 par une jeune femme de 34 ans. Le 20 février 2018, Nevine, habitante de la Ghouta, 38 ans, témoignait sur les réseaux sociaux. “Je viens de sortir de l’abri souterrain après une nuit atroce. Je suis percluse de courbatures et de douleurs dans le dos à force d’être recroquevillée sur le sol de la cave. On est serrés comme des cornichons dans notre abri. Il doit y avoir une cinquantaine de familles. Les hommes d’un côté; les femmes de l’autre, avec les enfants. J’ai à peine réussi à somnoler deux heures avec ma fille de 6 ans dans les bras. Quand les barils explosifs pleuvent, j’ai le sentiment que mon cœur va éclater. Pour soulager la pression dans les oreilles, j’ouvre la bouche à chaque fois. C’est ce qu’on nous a appris. Là, je dois courir à la maison, dans l’immeuble contigu. Courir chercher un oreiller. À chaque fois que je sors dans la rue, j’ai l’impression d’être dans un nouveau décor. Tout est transformé. Parce que des immeubles ont disparu”

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Assad aurait-il repris la main ?

Un peu plus de 70 années plus tard, la Ghouta, cette banlieue de Damas, vit le même cauchemar que Berlin, mais aussi Stalingrad, Le Havre, Coventry. Les images, les témoignages et l’histoire que l’Europe a en commun avec ces civils syriens ont - peut-être - poussé les chancelleries occidentales, Merkel et Macron en tête, à agir prestement. Avec des résultats étonnamment rapides. Ainsi, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté ce week-end, quelques jours après le début des nouveaux massacres, une résolution réclamant un cessez-le-feu en Syrie pour au moins 30 jours consécutifs. Ceci, à l’unanimité, c’est-à-dire avec l’accord des Russes. La diplomatie franco-allemande semblait avoir obtenu un infléchissement de la part de Vladimir Poutine. Une certaine euphorie devait planer: on apprenait que le président français et la chancelière allemande avaient prolongé leur effort en appelant, séparément, le lendemain de cette résolution, le chef du Kremlin pour lui demander de déployer tous ses efforts pour faire respecter le cessez-le-feu. Le week-end se terminait sur un sentiment presque oublié: celui provoqué par l’idée que l’ONU, la diplomatie occidentale pouvaient calmer la partie. C’était compter sans les derniers témoignages. On y parlait d’attaques chimiques et d’une douzaine d’avions qui pilonnaient, toujours, la zone. Alors, il se murmure dans le rang des observateurs une question. Assad aurait-il repris la main ? Poutine est-il toujours le maître du jeu ?

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