
La Belgique devient le deuxième pays le plus taxé d'Europe

Chaque année, l’État belge réclame un impôt direct de 52 milliards d’euros aux ménages, soit environ 4.700 euros par citoyen. Comptez en plus les impôts indirects, principalement la TVA sur les biens et services que nous consommons, pour un montant établi pour l’année 2016 à 55,32 milliards d’euros, soit plus de 5.000 euros par tête de pipe. Oui, ça fait beaucoup.
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Toutes proportions gardées selon l’OCDE, dans l’Union européenne, seuls le Danemark et la France taxent davantage. Mais il n’y a pas de quoi forcément désespérer le contribuable: les pays où les citoyens sont les plus heureux sont relativement fort taxés. On pense au Danemark, justement, ou à la Finlande qui arrive à la 4e place. Après tout, si l’État possède plus d’argent pour gérer ses administrations publiques, ces dernières fonctionnent mieux. Enfin… en théorie. Parce que si certains de nos services (soins de santé, sécurité, etc.) sont en effet enviés à l’étranger, d’autres (mobilité, justice, etc.) nous donnent du fil à retordre. Poste par poste, nous avons tenté d’évaluer nos principaux services publics grâce aux données officielles et en les comparant aux performances de nos voisins (ou lointains cousins).
“Jobs, jobs, jobs”? Oui mais…
Le chômage baisse, le nombre de vrais chômeurs moins...
Le 15 mars dernier, Charles Michel n’a pas pu réprimer le sourire d’un joueur de poker qui dévoile une main gagnante. L’Onem venait d’annoncer la baisse historique du nombre de chômeurs indemnisés, qui repassait sous le seuil des 500.000. Une première depuis 1981! Le mantra du Premier ministre s’était réalisé. Avec 6,3 %, le taux de chômage en Belgique nous place dans les bons élèves de la classe UE. Loin devant la Grèce et l’Espagne, qui portent leur bonnet d’âne avec 20 et 16 %, près des Français qui connaissent une embellie en la matière depuis un an et se positionnent à 8,8 %, et devançant la moyenne européenne située à 7,1%. L’Allemagne, le premier de la classe, caracolant à 3,4 %.
Mais une analyse plus fine de la situation tempère l’enthousiasme. Certes, l’emploi a augmenté. L’économiste Philippe Defeyt le rappelait: “Il est incontestable que le nombre d’emplois augmente, même si beaucoup de ces emplois sont des emplois temporaires ou des emplois à temps partiel”. Et si le budget consacré par l’État à l’indemnisation des chômeurs est en baisse, c’est aussi parce que certains d’entre eux sont pris en charge par le CPAS. “On vous annonce une diminution de 8,5 % du nombre de chômeurs, mais on oublie de vous dire que dans le même temps, on a une augmentation de 9,3 % de bénéficiaires du Revenu d’intégration sociale, on peut donc penser que ces chômeurs sont maintenant au RIS”, objecte Robert Vertenueil, le secrétaire général de la FGTB. Et il y a malheureusement pire. Alain Vaessen, le boss de la Fédération wallonne des CPAS, pointait, il y a un mois, un autre phénomène. “Le nombre de chômeurs a diminué. Certains ont trouvé un emploi, d’autres ont trouvé refuge chez nous, et d’autres encore ont “disparu” des statistiques. Ils sont en voie de ce qu’on appelle la “sherwoodisation”.” Une référence à la forêt de Sherwood de Robin des Bois, peuplée, au sud du pays, de 10 à 15.000 individus.
Va-t-on à bonne école ?
La Belgique et singulièrement la Fédération Wallonie-Bruxelles portent encore trop souvent le bonnet d’âne dans les comparaisons internationales.
Régulièrement dans Moustique, on regrette l’état peu enviable de l’enseignement obligatoire. Le Pacte pour un enseignement d’excellence nous pousse à croire que le changement est possible. Dans notre numéro du 9 mai, nous avions montré que dans certaines classes, grâce à certains enseignants particulièrement motivés, créatifs et passionnés, la transformation de l’école avait commencé. Ces quelques initiatives particulières ont pour but de rendre l’école plus inclusive, bienveillante et solidaire.
Reste que la dernière étude Pisa classe systématiquement nos ados sous la moyenne des pays de l’OCDE, tant en sciences qu’en lecture et en maths. Que l’État belge dépense 12 % de son budget à l’enseignement n’y change rien. Si ça peut nous rassurer, la France et l’Autriche font pire. L’Estonie et la Finlande sont quant à elles les modèles. Les deux pays ont des recettes assez semblables. Claude Anttila, une enseignante française installée en Finlande et consultée par le ministère belge de l’Éducation dans le cadre du Pacte d’excellence, explique: “L’école en Belgique est trop élitiste. En Finlande, on ne met plus les élèves en difficulté sur des voies de garage. Si un élève est faible, on lui consacre plus de temps. Le professeur n’est plus celui qui donne les connaissances et dit ce qu’il faut faire. Il guide l’élève à se développer lui-même. Cela passe par le tutoiement, les enfants appellent les professeurs par leur prénom. Surtout, on impose un mélange social. On remarque que les écoles qui ont les meilleurs résultats sont celles avec une grande mixité, car les plus doués tirent les plus faibles vers le haut et pas l’inverse. Grâce au Pacte d’excellente, la Belgique est sur la bonne voie. Mais réformer prendra du temps, surtout que si on change de ministre, la réforme risque de capoter”...
Retrouvez notre dossier sur la taxation en Belgique sorti en mai dernier sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.