

En janvier dernier, Dries Van Langenhove se pavanait dans son costume bleu marine tiré à quatre épingles pour la conférence de presse du Vlaams Belang qui lui était consacrée. Aux côtés de Tom Van Grieken, leader du parti d'extrême droite, il avait légèrement relevé le bas de son pantalon pour laisser entrevoir ses chaussettes jaunes ornementées d'un Vlaams Leeuw tout noir, étendard des Flamingants.
Le jeune homme de 26 ans est un as de la communication. C'est l'une des raisons pour lesquelles le parti d'extrême droite l'a choisi comme tête de liste pour le Brabant flamand pour les élections fédérales. Le leader du mouvement extrémiste Schild & Vrienden y a récolté 39.295 voix de préférence. Il se place en 4ème position, loin derrière Theo Francken (122.738 voix) mais à quelques marches seulement de Koen Geens (45.962) et surtout Maggie de Block (40.819).
Moins d'un an après la tempête médiatique qui a suivi les révélations choquantes du reportage de la VRT sur le mouvement Schild & Vrienden, son fondateur est plus serein que jamais. Diplômé d'un bachelier en sciences politiques et d'un Master en droit à l'Université de Gand, il s'était classé l'an dernier à la sixième position du Man van het Jaar ("l'Homme de l'Année") selon les lecteurs du sérieux magazine Humo. Il a fait encore mieux au classement de Het Lul van jet Jaar ("le Trou du c** de l'Année") avec une quatrième place, mais ce genre de frivolités médiatiques ne sont pas du genre à le perturber. Au contraire.
Moustique avait rencontré le représentant politique d'une jeunesse flamande indépendandiste et raciste fin 2017, lorsqu'il était encore étudiant. C'était avant que n'éclate le scandale Schild & Vrienden. Mais ses propos, eux, inquiétaient déjà.
DRIES VAN LANGENHOVE – C’est un mouvement qui réunit des jeunes gens qui veulent un meilleur avenir pour la Flandre.
Je l’ai créé sur Facebook au début de cette année (2017, NDLR) pour permettre à notre communauté de discuter, en privé, de thèmes sociétaux, de sujets politiques et de poster des « memes » - des dessins humoristiques et des détournements d’image - sans subir la pression du « politiquement correct ».
J’ai choisi ce nom par blague. Je trouvais ça drôle…
Non... mais, nous avons été choqués par le fait que lorsque Mr Francken prenait la parole quelque part, il y avait du sabotage, des graffitis, des vitres brisées, la destruction totale… Nous considérions qu’il était anormal qu’un politicien démocratiquement élu ne puisse pas s’exprimer sur ce qu’il réalise. Alors, lorsqu’il est venu à Gand, nous avons fait en sorte que ces gens d’extrême gauche, ces vandales – c’est ce qu’ils sont – ne puissent pas en faire qu’à leur tête et étouffer la parole du ministre. Une parole intéressante : Mr Francken est l’un politiciens les moins politiquement corrects.
Le politiquement correct empêche les vrais débats…
Evidemment, je suis contre l’esclavage… Mais, maintenant, c’est une statue de confédérés qu’on renverse, mais après, ce seront des monuments en hommage à la deuxième guerre mondiale. Ils veulent tout détruire. Cette machine gauchiste du politiquement correct ne s’arrêtera jamais. Il faut la stopper!
Je trouve ça stupide de considérer que les Confédérés étaient tous mauvais et que les nordistes étaient tous bons. De la même manière, je ne permettrais pas qu’on fasse la même chose avec une statue de Léopold II… c’est l’Histoire ! On doit apprendre de l’Histoire, pas la détruire.
Ce que nous voulons c’est nous occuper des gens plus âgés, nous voulons nettoyer les rues et les campagnes des déchets qui les polluent. Nous voulons aussi fêter St Nicolas avec « Zwarte Piet », avec le père fouettard. Nous voulons montrer que le modèle social de la Flandre est meilleur que celui qui est en train de le remplacer en ce moment. Nous voulons montrer aux immigrants que ce modèle est le bon et qu’il faut qu’ils s’y adaptent. On ne doit pas tous être blancs. N’importe qui peut vivre ici, mais peut vivre en tant que flamand et adopter la manière de vivre flamande.
Non, il ne faut pas être catholique même si le catholicisme a été un pilier de notre société. Il faut juste faire preuve de respect envers nos traditions, envers la Police, les pompiers… Il n ‘y a plus de respect, actuellement. Le respect pour la Flandre, pour ses traditions, c’est ce que nous voulons promouvoir.
La tradition de "Zwarte Piet" n’est, selon moi, absolument pas raciste.
Je n’ai rien contre les Belges francophone, mais, je suis pour l’Indépendance de la Flandre. C’est un moyen d’avoir une meilleure société : moins de taxes, de règles et de structures politiques…
L’immigration de masse, oui. L’immigration choisie, non. Je crois qu’à Bruxelles, il y a 150 000 illégaux, voilà qui cause de grands problèmes de criminalité. L’Europe est le seul endroit sur terre où tout le monde peut venir… ça ne va pas : si moi, je veux m’installer en Arabie Saoudite, je dois demander un visa et m’adapter…
Je ferais rechercher les illégaux et je les déporterais. C’est un sale travail, mais il faut le faire sans quoi notre pays tombera en ruines.
Oui, il fait du bon travail, mais il ne renvoie pas assez de personnes chez elles : l’eau monte trop vite pour la pompe.
Je ne suis affilié à aucun parti politique. Par ailleurs, je suis clairement de droite, mais je ne suis ni un extrémiste, ni un raciste.
Trump, sans aucun doute et je ne connais pas bien Le Pen, mais je n’aurais pas voté pour Macron.
La jeunesse flamande doit être forte mentalement mais aussi physiquement. On doit être fiers, forts. On n’est pas agressifs, ces cours de self défense améliorent notre structuration « mentale ».
Oui, bien entendu. C’est un modèle de société en lui-même et c’est une menace pour la société flamande.
Dylan était membre de « Schild & Vrienden ». Il a dû quitter la vice présidence des Jeunes N-VA à la suite du « mème » maladroit posté sur les réseaux sociaux. C’était un gars adorable, vraiment gentil, qu’il se soit suicidé est une grande perte. Mais ce sont les hyènes des médias qui ont transformé toute cette histoire pour attaquer la N-VA.
Non, je ne trouve pas. Ca décrivait une réalité : à force de vouloir laisser rentrer des réfugiés, voilà ce qui se passe. Ces "mèmes" sont une manière actuelle de communiquer efficacement. Les gens n’ont pas le temps de lire, il faut faire passer rapidement une idée. Et avec humour, c’est encore mieux. D’ailleurs « Schild & Vrienden » c’est un « mème », un détournement humoristique, qui renvoie rapidement à une idée, tout comme "Linkse ratten, rolt uw matten!" qui est un "mème" de "Franse ratten, rolt uw matten", "Rats français, dehors !", une vieille chanson flamande du 19ème siècle…
Interview publiée dans le Moustique en novembre 2017.