
Fraude dans les transports: un gouffre financier?

C'est la vidéo qui fait le buzz sur les réseaux sociaux depuis ce week-end. Filmé avec un smartphone, on y voit un homme attendre un tram à Bruxelles. Lorsque le véhicule s’arrête, l’individu grimpe et lance un message à l’assemblée: "Descendez car ils sont avec la police et ils vous attendent au prochain arrêt. Pas d’abonnement, on descend !" Une bonne quinzaine (!) de passagers s'exécutent alors en quittant le transport public et en remerciant leur "sauveur".
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Postée sur Facebook vendredi soir, la vidéo cumule des centaines de milliers de vues. Pour la plupart amusés, les internautes n'ont pas hésité à saluer ce "héros de la nation" qui dans un "élan solidaire" s'est érigé en véritable sauveur des fraudeurs... La première amende pour un voyage sans titre de transport sur une des lignes de la Stib se facture 107 euros. La seconde infraction, si elle a lieu dans les 24 mois précédant la date de l’incident, est punissable du double (214 euros). Plutôt salé quand on sait que le coût d'un ticket pour un voyage unique s'élève à 2,10 euros...
"Prévenez Arya"
Cela ne semble pas dissuader les usagers d'embarquer sans ticket ou abonnement. Toujours sur Facebook, le groupe "Contrôles de la Stib" comptabilise plus de 31.000 membres. Son mode de fonctionnement? Si vous êtes témoin d'un contrôle, vous relayez l'info pour que ceux qui empruntent la ligne puisse l'éviter. Certains délateurs n'hésitent d'ailleurs pas à saupoudrer leur publication pour rendre le tout encore plus piquant: "Les marcheurs blancs se préparent à [l'arrêt] Union. Prévenez Arya", référence direct au dernier épisode de Game of Thrones diffusé ce week-end... Autre pratique courante sur le groupe: publier une photo de l'emplacement d'un ticket déjà validé mais encore valable, proposé aux navetteurs qui peuvent dès lors se passer d'acheter un titre de transport.
Il est impossible pour la Stib de savoir avec précision le nombre de personnes qui empruntent son réseau sans payer. Sur 1.457.570 personnes contrôlées en 2017 (les statistiques pour 2018 ne sont pas encore disponibles), 82.260 PV ont été dressés. Soit un taux de fraude apparent de 5,60% (4,15% en 2016). Sur la fameuse vidéo pourtant, la quasi totalité des passagers du tram sont descendus. Cela pourrait laisser présager un sérieux manque à gagner pour la société de transport public... "On se demande tout de même un peu si cette vidéo n'a pas été planifiée", réagit Françoise Ledune, porte-parole de la Stib. "Sur les images, beaucoup de gens sourient en descendant du tram, ce qui laisse penser à un fake."
Fake ou pas, les fraudeurs, eux, sont bien réels et ne semblent pas prêts de s'arrêter.