Procès Valentin Vermeesch: la psychopathie d’Alexandre Hart aurait-elle poussé les autres à commettre le pire ?

Les personnalités des cinq coupables du procès Valentin Vermeesch ont été analysées par un psychiatre. Parmi eux, Alexandre Hart, 21 ans, qualifié de psychopathe sadique.

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Cet article a été publié une première fois au début du procès du meurtre de Valentin Vermeesch. Après plusieurs semaines, les cinq accusés ont été reconnus coupables du meurtre du jeune garçon. Alexandre Hart et Belinda Donnay ont tous les deux été condamnés à la perpétuité alors que les trois autres ont écopé de peines allant de 25 à 29 ans d'emprisonnement. 

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Voilà une semaine que le procès des bourreaux de Valentin Vermeesch a débuté. Âgé de 18 ans, le jeune homme a été torturé, séquestré, violé et jeté dans la Meuse menotté alors qu'il ne savait pas nager. Lors de la lecture de l'acte d'accusation, les personnalités des cinq accusés ont été détaillées. Parmi eux, Alexandre Hart - passé depuis aux aveux complets – et diagnostiqué psychopathe par un psychiatre et une psychologue désignés par la Justice. "Cet agresseur présente des traits paranoïaques et pervers sadiques qui supposent une jouissance de faire du mal à quelqu'un réduit à l'état d'objet, sans empathie", écrivent les spécialistes.

Mardi dernier, le jeune homme était entendu par l’audience présente au tribunal. Tous s’accordent pour dire qu’Alexandre déblatère cette soirée de l’enfer sans empathie ni une quelconque émotion. Les médias décrivent une salle d’audience "glacée" par le récit de celui qui semble avoir fait office de chef d’orchestre et qui livre un témoignage avec un sourire en coin.

Drogue, violence et froideur

"La psychopathie est un trouble de la personnalité, pas une maladie. Elle se caractérise par une absence de compassion et une froideur affective. Ces personnes se laissent généralement guidées par leurs pulsions et leurs envies sans considération pour autrui. Souvent, les psychopathes consomment beaucoup de substances toxiques comme l'alcool ou la drogue", explique le Professeur Vincent Dubois, psychiatre et directeur médical d'Epsylon. Une analyse qui fait écho au comportement et au fonctionnement de l’accusé.

Dès son plus jeune âge, Alexandre se fait remarquer pour ses comportements violents. En 2011 par exemple, il blesse son frère au visage avec une tronçonneuse et s'en vante à l'école. S'ensuit un suivi psychiatrique où on lui diagnostique déjà une personnalité teintée de paranoïa et psychopathie. Il n'a alors que 13 ans. Son jeune âge est d'ailleurs pointé par les spécialistes mandatés par la Justice pour évaluer sa personnalité. "Malgré son jeune âge, il apparaît comme un psychopathe", peut-on lire dans le rapport. Si cet élément interpelle, c'est parce que la psychopathie est un trouble qui se façonne et se construit avec le temps. "La personnalité est assez mouvante jusqu'à l'âge adulte. La jeunesse implique une certaine plasticité. Bien qu'il y ait une base héréditaire, ce trouble peut s'amoindrir ou s'intensifier en fonction des rencontres ou de certains traitements". Décrochage scolaire, alcool, drogue, violences, Alexandre enchaîne jusqu'à ce soir de mars 2017 où, accompagné de quatre "amis", il commet l'irréparable et finit par jeter Valentin dans l'eau après une soirée d'épouvante.

L’effet de groupe

Au cours de ce procès revient souvent la question de l'effet de groupe. Peut-il justifier que quatre autres individus se soient laissés emporter par la violence des événements au point de se rendre coupable d'assassinat ? Ce qui est certain, c'est qu'il peut, en partie, l'expliquer. Vincent Dubois prend l’exemple bien connu des sectes où l’effet de groupe est observé. "L’un des traits de personnalité du psychopathe est d’être charmeur et d’exercer une influence sur les autres. Mais l’effet de groupe ne s’applique pas à tout le monde. Il faut déjà certains traits de personnalité pour se laisser entraîner", explique le spécialiste. Les personnalités des quatre autres accusés ont également été screenés par un psychiatre avant le procès. Si aucune pathologie n’est mentionnée dans le rapport, tous sont décrits comme timide, anxieux ou passif.

Les accusés durant le procès ©Belga Images

Le Professeur Vincent Dubois insiste aussi sur la difficulté à traiter la psychopathie et sur la particularité de cette pathologie. "Les psychiatres sont rarement en contact de psychopathes. Simplement parce que ces personnes ne sont pas demandeuses de soins étant donné qu’elles ne sont pas conscientes d’en avoir besoin. Généralement, nous sommes en contact avec elles quand une expertise est demandée, souvent en prison." Aussi, traiter un psychopathe reste compliqué du fait de sa grande faculté à manipuler son interlocuteur.

Au terme de cette première semaine intense de procès, tous les accusés ainsi qu’une partie des enquêteurs ont été entendus. Jeudi et vendredi, une série d’experts seront attendus à la barre. L’occasion d’en apprendre davantage sur la personnalité ambiguë d’Alexandre Hart.

Retrouvez l'article "Coupables, pas reponsables ?" sur la question de la responsabilité individuelle que posent les meurtres de Valentin Vermeesch et Julie Van Espen, dans notre dernier numéro en librairie à partir de ce mercredi ou sur notre édition numérique, sur iPad/iPhone et Android.

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