
Les sondages, vrais perdants des élections?

L'air était lourd ce lundi matin. Pour beaucoup de gens, les résultats des élections semblent encore confus, comme si la Belgique émergeait d'un lendemain de veille difficile. Mais les urnes ont parlé et le constat est clair. Au nord du pays, près d'un électeur sur deux a voté pour des partis de droite populiste: les nationalistes flamands de la N-VA d'un côté, et les extrémistes flamingants du Vlaams Belang de l'autre. Si le score élevé du premier était attendu (bien que le parti de Bart de Wever ait perdu un certain nombre de voix au profit du second), peu de gens aurait prédit un tel plébiscite du parti d'extrême droite. À commencer par les sondages.
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Une semaine avant les élections (17 mai), le Grand Baromètre RTL – Le Soir créditait la formation de Tom Van Grieken de 14,8% des voix. Le tendance aperçue au lendemain des élections communales se confirmait: quasi mort en 2014 (5,8%), le Vlaams Belang était bel et bien de retour. Aujourd'hui, il n'a jamais semblé aussi menaçant (bien que le Vlaams Blok ait obtenu plus de 24% des suffrages au Parlement flamand en 2004): fort de son résultat hier, il pourrait rompre le sacro-saint cordon sanitaire.
Au sud du pays et à l'autre bout du prisme politique, c'est le PTB qui se profile comme le grand gagnant de ces élections. Le parti marxiste enverra ses premiers élus aux Parlement flamand et remporte 10 sièges en Wallonie. Les sondages ne le voyait pas non plus performer à ce niveau. Avec 12 sièges récoltés à la Chambre, la formation de Raoul Hedebouw se place juste derrière Ecolo (13) qui totalise 25 sièges avec Groen. Les écologistes enverront autant d'élus que la N-VA au fédéral et échouent à se présenter comme la première force politique du pays. Même chose à Bruxelles, où Ecolo se positionne en deuxième position derrière le PS, là où les sondages lui promettaient une victoire. Faut-il pour autant parler d'un échec? Non, il faudra bien à nouveau compter sur eux. Mais la "vague verte" qu'annonçait les prévisions n'a pas submergé le pays.
Même constat à l'Europe
Au niveau des européennes, les sondages n'avaient pas non plus anticipé un tel taux de participation aux élections. Il atteint 50,5%, un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis 20 ans. L’Europe ne laisse plus ses citoyens indifférents, particulièrement en France où le "vote utile" a parlé. Dans l'Hexagone, le Rassemblement national a obtenu près d'un quart des suffrages et a battu (de 1%) le mouvement d'Emmanuel Macron sur son terrain de jeu préféré. Une victoire plus symbolique que sensationnelle. Si on se limite aux chiffres (en pourcentage et en sièges), la formation de Marine Le Pen fait à peine mieux qu’en 2014.
Contrairement à ce que laissait présager les sondages, au décompte final, il n’y a pas non plus eu de vague noire sur l'Europe. Ensemble, les partis eurosceptiques et/ou d'extrême droite remplissent plus d’un quart des sièges du Parlement européen soit 110 élus et gagnent 50% d’eurodéputés supplémentaires. Mais, pour peser réellement sur les décisions de l’hémicycle, ils vont devoir s’allier, ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire. Jusqu'à ce jour...
Comme le précise Libération, les sondages ne prédisent rien du tout, mais se contentent de photographier l'opinion publique à un moment donné. Soit celui-ci est plus fluctuant qu'on ne le pensait. Soit les instituts en charge d'établir les prévisions doivent revoir leur manière de fonctionner (en prenant davantage compte de l'impact des réseaux sociaux?). Car depuis 2016 et le référendum sur le Brexit, en passant par l'investiture de Donald Trump et jusqu'à ce week-end électoral, ils n'ont cessé de se planter. Faudra-t-il encore s'y fier?