
Rome, Tchernobyl, Bangkok, quand les touristes oublient leurs bonnes manières

Parcourir le monde à la rencontre d'autres populations et d'autres coutumes. La plupart du temps, le tourisme se fonde sur des valeurs nobles et respectables. Sauf qu'à trop vouloir découvrir, certains oublient leurs bonnes manières et le respect des endroits et des personnes. Selon une étude menée par l'agence française Comptoir des voyages, le sur-tourisme touche un nombre croissant de villes et de monuments touristiques. Particulièrement Marrakech, Dubaï, Bangkok ou Venise. À tel point que les voyageurs les plus réalistes finissent par changer leurs plans et abandonner les visites de monuments pourtant phares. Dégradation de la nature, des monuments, égoïsme, le tourisme (de masse, surtout) n'a pas que du bon, au contraire. Voyage au pays des vacanciers irrespectueux.
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Le ras-le-bol de Rome
Épuisée par les comportements abusifs des touristes, la ville de Rome a décidé d'imposer des règles de bonne conduite. Désormais il ne sera plus permis de se baigner dans les fontaines, de manger aux abords des lieux touristiques ou de se promener torse nu. Chaque année, ce sont 14 millions de touristes qui se bousculent pour venir admirer la fontaine de Trevi ou le Colisée. La capitale italienne disposait déjà d'un règlement municipal, mais ce dernier commençait quelque peu à dater. Toutes les infractions seront maintenant passibles d'amendes ou d'avertissements en fonction de leur gravité. Et ces nouvelles restrictions seront d'ailleurs d'application pour les locaux. Les Romains n'ont plus le droit d'étendre leur linge en public ou de jouer d'un instrument dans les transports en commun. Début juin, la ville de Rome avait déjà annoncé faire la guerre aux faux gladiateurs qui harcèlent les touristes à proximité de certains lieux prisés.
Tout pour une photo
Depuis plusieurs semaines, la nouvelle série de HBO, Chernobyl, est sur toutes les lèvres et tapisse les réseaux sociaux. Si elle retrace brillamment cette sombre partie de l'Histoire, elle donne aussi naissance, malgré elle, à des comportements aberrants. Après avoir binge watché la série, nombreux sont ceux qui ont décidé de se rendre à Tchernobyl pour se photographier sur les lieux du drame. Parfois sans aucune protection (ou sans vêtement tout court), ils prennent la pose au milieu des décombres comme ils le feraient pour n'importe quelle autre destination. En plus d'être encore hautement radioactif par endroit, Tchernobyl a été le théâtre de la plus grande catastrophe nucléaire de l'Histoire et l'accident a causé la mort de milliers de personnes. Le phénomène va si loin que les créateurs de la série ont fini par demander aux internautes de faire preuve davantage de respect envers les lieux. "Rappelez-vous qu’une tragédie s’est produite ici. Comportez-vous avec respect vis-à-vis de tous ceux qui ont souffert et se sont sacrifiés", a écrit Craig Martin sur Twitter.
L'enfer des begpackers
C'est un phénomène observé depuis plusieurs années dans de nombreux pays : des Occidentaux qui font la manche pour financer la suite de leur voyage. Que ce soit en grattant une guitare ou en vendant leurs plus beaux clichés. Appelés begpackers (néologisme entre to beg (mendier) et backpackers (voyageurs en sac à dos), ces globe-trotters semblent oublier que la mendicité n'est pas un hobby auquel on se prête. Cette façon de fonctionner a d'ailleurs un nom : l'orientalisme, c'est-à-dire une "tendance de l'Occidental à réduire un autre pays à sa teneur exotique ou folklorique, sans envisager ses habitants comme des égaux et en considérant qu'ils sont au service de son plaisir et de son dépaysement", comme l'explique Le Monde. Il y a quelques années, la Thaïlande avait annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre les begpackers. Le pays souhaitait imposer un montant minimum que les touristes devraient avoir en leur possession en entrant sur le territoire. Dans les faits, cette obligation reste difficile à appliquer. Voyager à moindre coûts, pourquoi pas. Mais plutôt économiser avant que mendier pendant.
WHAT THE HECK??? Maybe there IS a syndicate. pic.twitter.com/xierIhcAt5
— Sarah Coldheart (@sarahcoldheart) 4 avril 2017
Mort à la nature
À trop vouloir admirer les beautés de la nature, on finit par la tuer. En Écosse, l'arbre le plus ancien du Royaume-Uni, le Fortingall Yew, voit son espérance de vie se réduire progressivement. Cela fait pourtant entre 3000 et 5000 ans qu'il siège au cœur du cimetière de Fortingall. Les responsables de cette mort prématurée ? Les visiteurs qui ont pris la mauvaise habitude de grimper sur le tronc pour lui arracher une branche à ramener à la maison en guise de souvenir. Une action peu réfléchie qui abîme et tue petit-à-petit ce qui pourrait être le plus vieil arbre d'Europe.