Le "libra" : la future monnaie de Facebook en cinq questions

Le géant des réseaux sociaux compte faire entrer en 2020 les cryptomonnaies dans le quotidien de ses quelque 2,7 milliards d'usagers.

Facebook va créer le libra

C’est quoi ?

Une cryptomonnaie, c’est-à-dire une monnaie purement électronique qui ne sera pas gérée de manière centrale par un Etat ou une banque centrale. Mais contrairement au bitcoin, la monnaie virtuelle la plus célèbre jusqu'à présent, le libra sera une monnaie sous contrôle. Celui de Facebook et ses partenaires chargés d’en gérer la stabilité et la gouvernance (Booking, eBay, Spotify, des fonds d’investissement,etc).Une vingtaine d’entreprises internationales se sont déjà engagées, mais le nombre devrait bientôt approcher la centaine. Le libra diffère aussi du bitcoin d’une autre manière : sa stabilité quand le cours du second est très volatil. Le projet a été géré par David Marcus, ancien dirigeant de PayPal.

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Pour quoi faire ?

Facebook annonce dans un communiqué vouloir permettre les transferts d'argent avec un smartphone « aussi facilement et instantanément que quand vous envoyez un message ». Bref avec à bas prix, voire gratuitement, et partout dans le monde. Un Guinéen installé en Belgique pourrait ainsi par exemple facilement envoyer des libras à sa famille Conakry. L’ambition est justement aussi d’offrir un service plus rapide et moins cher que les banques ou Western Union. Le projet implique des entreprises comme Booking, Uber ou eBay. Il sera donc à un moment ou un autre possible d’utiliser cette monnaie chez ces entreprises. « Nous espérons ajouter d’autres services pour les gens et les entreprises, comme payer des factures en appuyant sur un bouton, régler un café en scannant un code, ou prendre les transports en commun sans avoir de liquide ou de titre de transport sur soi », indique le célèbre réseau social. Les paiements pourront aussi à terme être effectués via les applications Messenger et WhatsApp.

Belga

Quelle ampleur ?

Quelque 2,4 milliards de personnes utilisent mensuellement les différentes plateformes possédées par l'entreprise (WhatsApp, Instagram, Messenger). Soit davantage que celles qui règlent aujourd’hui leurs achats en euros ou en dollars. Autant dire que l’annonce de Facebook n’a rien d’anodin. Le projet fait logiquement un peu peur du côté des Etats et d’une partie du monde bancaire. Le ministre français de l’Economie et des Finances a d’ailleurs vivement réagi mercredi à l’annonce du projet. «Que Facebook crée sa propre monnaie, un instrument de transaction, pourquoi pas. En revanche, il est hors de question qu'elle devienne une monnaie. L'attribut de la souveraineté des États doit rester aux mains des États, et pas des entreprises privées, qui répondent à des intérêts privés », a insisté Bruno Le Maire sur Europe 1.

Quelle stratégie pour Facebook ?

Le modèle économique de Facebook repose sur de la vente de publicité personnalisée. L’entreprise espère que sa cryptomonnaie boostera le commerce et l’activité sur ses plateformes, et donc ses revenus publicitaires. D’autres services financiers complémentaires comme une carte de crédit pourraient aussi voir le jour dans un deuxième temps. Pour les entreprises partenaires de libra comme Uber, l’objectif est logiquement d’élargir le nombre de clients. Et enfin pour les entreprises partenaires qui sont actuellement leaders sur le marché du paiement en ligne comme Visa, MasterCard ou Paypal, l’idée est de ne pas se laisser dépasser par ce projet potentiellement concurrent. S’y associer est une manière de conjurer la menace.

Quels risques ?

Ils sont aussi importants qu'inquiétants. La situation plus ou moins monopolistique de Facebook fait d’abord craindre des dérives. L’entreprise américaine l’a déjà montré dans le passé : elle ne protège pas toujours comme il le faut les données privées de ses utilisateurs. Elle cherche aussi à se rendre toujours plus indispensable dans leur vie. C’est déjà le cas aujourd'hui pour leurs communications privées. Cela pourrait le devenir demain pour leurs paiements. D’autres spécialistes mettent en avant des questions plus politiques. Certains pays hostiles aux Etats-Unis pourraient avoir du mal à conserver leur souveraineté monétaire si tous leurs habitants utilisent massivement des libra. Une question théorique mais qui montre à quel point l'arrivée du libra représente un saut dans l’inconnu.

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