Politique : voilà ce qui va se passer durant vos vacances d’été

Longues vacances parlementaires, probable majorité PS-MR du côté wallon et des partis flamands qui font une psychanalyse : l’été politique ne manquera pas de sel

Les discussions entre PS et MR devraient reprendre

C’est ce jeudi à 14h que les députés fédéraux élus le 26 mai dernier prêtent serment. Pour la première fois depuis le 25 avril, il y aura donc assemblée plénière à la Chambre. Le récent scrutin oblige en effet depuis lors les différents exécutifs du pays à gérer les affaires courantes. Il ne faut donc plus attendre grand-chose du côté parlementaire d’ici septembre. Mais tel n'est pas le cas pour les négociations menant aux futures majorités régionales. Avec l’aide de deux politologues, Moustique fait le point sur tout ce qu’il faut savoir avant de partir se reposer au soleil.

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Des jours blancs

L’expression « jours blancs » désigne la dizaine de jours d’école primaire entre la fin des épreuves du CEB et les vacances. Une période de flottement durant laquelle l’obligation scolaire reste d’application. D’une certaine manière, les membres des différentes assemblées belges sont en jours blancs. À la différence notable qu’aucun directeur d’école ne leur demandera d’apporter des jeux de société pour s’occuper. La raison est simple : aucun gouvernement de plein exercice n'a encore été mis en place. Les responsables de partis s’attèlent à nouer des accords de majorité. Les assemblées wallonnes et francophones se réuniront certes encore une fois dans les deux semaines à venir, mais  seulement a priori pour quelques prestations de serment. Si l’agenda peut encore évoluer, il n’est pas prévu par exemple que des députés de la Fédération Wallonie-Bruxelles interpellent avant septembre l’exécutif sortant sur l’état catastrophique des finances récemment rapportée par la presse.

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Les vacances : du 21 juillet à début septembre

La période de congé parlementaire se déroule officiellement du 21 juillet jusqu’à début septembre. D’ici cette date, seule la Région bruxelloise devrait être dotée d’un gouvernement. « Cela signifierait qu’avant le 21 juillet, il y aurait encore une plénière pour permettre aux suppléants des ministres de prêter serment », explique la responsable relations extérieures du Parlement. Du côté wallon, francophone et flamand, une convocation des députés pour une plénière après le 21 juillet reste aussi théoriquement possible. « En 2017, les députés wallons ont été rappelés à la fin juillet quand il y a eu le changement de gouvernement », rappelle-t-on du côté de Namur. Les différentes rentrées parlementaires sont prévues pour le courant de septembre. « On sait très bien en Belgique que ce n’est pas au Parlement que ça se passe, surtout dans une période comme celle-ci. Il ne va pas s'y passer grand-chose», explique Dave Sinardet, politologue de la VUB. La seule majorité qui devrait voir le jour d’ici le 21 juillet se trouve du côté de la Région bruxelloise. Avec le PS, Défi et Ecolo du côté francophone et l’Open VLD, le s.pa et Groen du côté néerlandophone.

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Du neuf du côté wallon !

« C’est peu glorieux mais, en politique, c’est mieux de faire passer quelque chose d’impopulaire quand tout le monde est en vacances. C’est assez classique. Là, en l’occurrence du côté du PS, l’idée est que tout le monde, y compris les journalistes et les responsables de la FGTB soient en vacances, pour faire quelque chose avec le MR. Paradoxalement, l’été sera peut-être propice à la formation des gouvernements régionaux », indique le politologue de l’UCLouvain Vincent Laborderie. Il considère que l’équation arithmétique s’avère en réalité très simple. Le CDH et le PTB désormais hors-jeu, les libéraux deviennent indispensables. Son homologue de la VUB confirme et explique : «Le PS comme Ecolo avec sa proposition de coalition Coquelicot (NDLR : un gouvernement minoritaire PS-Ecolo) sont dans une phase de déni. Ils négocient ensemble, alors qu’ils n’ont pas de majorité. C’est très difficile pour Di Rupo de dire ‘oui on va au MR’ à son arrière-ban. Le PS est sous pression. Il a fait son plus mauvais score depuis l’introduction du suffrage universel. Mais tous les partis traditionnels ont en fait perdu ». Le pronostic de nos deux politologues : une majorité PS-MR avec ou sans Ecolo d’ici la fin de l’été. Avec une question en suspens : si Ecolo n’y va pas du côté wallon montera-t-il quand même au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?

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Fédéral : plus que des paravents chinois

La politique belge s’enrichit en 2010 d’une nouvelle expression : celle de «paravent chinois». La paternité en revient à l’ancien premier ministre Mark Eyskens (CD&V) qui qualifie ainsi les deux médiateurs royaux nommés à l’époque André Flahaut (PS) et Danny Pieters (N-VA). Leur nomination ne vise qu’à donner du temps aux véritables négociateurs en coulisses. Pour Dave Sinardet, on ne peut pas qualifier ainsi le duo d’informateurs actuel (le MR Didier Reynders et le s.pa Johan Vande Lanotte) : « On avait nommé à l’époque des personnes dont savait très bien qu’elles n’allaient pas faire partie de la solution. Ici, on est quand même dans un autre logique, mais il faut aussi laisser le temps au temps ».  Pour nos deux observateurs, il ne faut pas s’attendre, sauf miracle, à un gouvernement à la rentrée. Si une majorité voit le jour à terme, ce serait une Bourguignonne (N-VA, socialistes et libéraux) ou un Arc-en-ciel (libéraux, verts et socialistes), estime le professeur de la VUB. Son collègue de l’UCLouvain ne voit pas en revanche la N-VA y aller : «S’ils font ça, ils vont se faire manger par le Belang. Ils vont jouer le pourrissement. La question, c’est : est-ce que les autres partis flamands vont y aller ?» 

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Flandre : la N-VA qui tergiverse et le CD&V sur le divan

C’est assez rare pour être souligné : le nord du pays n’aura probablement pas de gouvernement en place le 11 juillet prochain. En ce jour de fête de la Communauté flamande, il est généralement de bon ton d’annoncer déjà la couleur de la nouvelle coalition. Mais la balkanisation de la vie politique ne frappe pas que les Francophones. Le succès du Vlaams Belang limite les possibilités. Selon Dave Sinardet, la coalition la plus probable est la reconduction de la coalition actuelle (N-VA, CD&V et Open VLD). Bref, une coalition de perdants qui ne veulent pas l’un de l’autre (comme le PS et le MR). Mais les possibilités arithmétiques ne sont également pas nombreuses. Quand bien même la N-VA et l’extrême-droite voulaient vraiment convoler ensemble, ils ne le pourraient pas. Ils ne disposent pas d’assez de sièges. «La N-VA joue un jeu un peu bizarre en continuant des discussions avec le Belang tout en sachant qu’ils ne peuvent pas faire majorité avec», explique Vincent Laborderie. 

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Une des clés au nord du pays, mais aussi du côté fédéral, se trouve au CD&V. Mais avant de décider quoique ce soit, le parti doit d’abord savoir s’il se choisit un nouveau chef et s’il se recentre à gauche ou à droite. « Aujourd’hui,  le CD&V, c’est qui ? Quelle est la ligne ? Le parti, mais il n’est pas le seul, est un peu en déséquilibre et doit choisir sa ligne et son leader», indique Dave Sinardet. Reste une dernière inconnue : la possible nomination de Charles Michel (MR) pour la présidence au Conseil européen. Un départ qui reste très hypothétique mais qui rebattrait les cartes du côté fédéral et francophone. Qui a dit que l’été politique ne sera pas passionnant ? 

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