

On pourrait croire à une énième prédiction des Mayas. Pourtant, il n’en est rien. Au contraire, la collapsologie est même portée et mise sur pied par des scientifiques. Réchauffement climatique, pollution, disparitions des espèces, notre civilisation serait sur le point de s’effondrer. Pour les "collapsos", le moment fatidique approche même à grands pas puisqu’ils fixent cette probable fin à 2030. Il ne nous resterait donc qu’une poignée d’années pour apprendre à vivre en autonomie et être capable de survivre avec des ressources très limitées. Fin du pétrole, de la nourriture, des différents écosystèmes, ils sont de plus en plus – principalement en France - à être persuadés que le danger est imminent.
La collapsologie est développée en France par Pablo Servigne, ingénieur agronome et Raphaël Stevens, expert en résilience des systèmes socio-écologiques. Il y a quatre ans, les deux scientifiques se lancent dans la rédaction du "best-of des mauvaises nouvelles". Une compilation de tout ce qui pourrait s’effondrer dans notre société et comment dans les différents secteurs (économie, politique, écologie, etc.). De ces constats, ils publient un essai intitulé Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Un nouveau terme est né. "La collapsologie se base sur une démarche scientifique", expliquait Pablo Servigne sur les ondes de France Culture en mars dernier. "L’idée est de savoir comment la raison peut-elle commencer à penser qu’il est possible d’assister à des effondrements globaux ? La collapsologie est une sorte de synthèse transdisciplinaire."
D’autres scientifiques ont déjà par le passé publié des travaux et autres études prospectives du même genre. "Certains effondrements ont déjà eu lieu, notamment des écosystèmes", détaille Pablo Servigne. Catastrophes climatiques, guerres, invasions, tous ces évènements ponctuels conduiront possiblement à la fin de notre civilisation. "Le seul critère commun à tous les effondrements de civilisation, c’est les mauvaises décisions des élites économiques et politiques. Plus une société est inégalitaire, plus elle va exploiter les humaines et les ressources non-humaines." Pour ceux qui partagent cette hypothèse, une chose est sûre : nous connaîtrons cet effondrement. "Vous et moi", tacle Pablo Servigne.
Si la collapsologie fait davantage parler d’elle actuellement, c’est d’abord parce que la cause climatique est devenue l’un des enjeux majeurs de ces deux dernières années. Manifestations, médiatisation, nouvelles habitudes de consommation : l’environnement et la lutte contre les déchets sont plus que jamais au cœur de débat. Aussi, le 20 juin, l’émission diffusée sur France 2, Complément d’enquête, dédiait l’un de ses reportages à la collapsologie. Explications, interviews des pionniers, mises en situation qui tentent de démontrer que la théorie n’est pas si farfelue, le reportage a fait pas mal parler de lui chez nos voisins français.
Sur les réseaux sociaux, les groupes en lien avec la collapsologie et les autres théories d’effondrement augmentent. Avant d’être rendu indisponible, le groupe Facebook "adopte un collapso, rencontrons-nous avant la fin du monde" facilitait les rencontres amoureuses entre personnes partageant la même théorie.
Il y a une dizaine d’années, Yves Cochet, ex-Europe Ecologie Les Verts et collapsologue français, prévoyait la fin du pétrole et donc une des phases de l’effondrement (plus de pétrole, plus de voiture ni de camion et donc plus de transport d’un tas de marchandises). En 2020, le pétrole n’a toujours pas dit son dernier mot et continue d’être extrait. Qu’à cela ne tienne, l’ancien élu repousse l’échéance, mais reste persuadé de la véracité de ses propos. De son côté, Pablo Servigne promet qu’il n’aura aucun mal à reconnaître que sa théorie était en fait erronée et que la fin n’est pas pour 2030. "J’ai conscience que c’est un risque à prendre", confiait-il au journaliste de France 2. "Je m’en fous de ma carrière et de mon égo. Ce n’est pas une science exacte et si je me trompe, tant mieux."