
Quand le racisme ordinaire du Vlaams Belang s'invite dans les couloirs du Parlement européen

Hier en début de soirée, Emmanuel Foulon, porte-parole de l'eurodéputé belge Marc Tarabella (PS) et chroniqueur dans les médias, a eu la désagréable surprise de relever une remarque raciste dans les couloirs du Parlement européen (Strasbourg). Alors qu'il discutait tranquillement avec deux journalistes néerlandais sur ses couleurs prises sous le soleil, un député du Vlaams Belang qui a surpris la conversation s'est adressé à son collègue en ricannant : "Voilà les seuls basanés qu'on devrait accepter." Dans le brouhaha du parlement, personne n'a semblé entendre la remarque, mais Emmanuel Foulon, lui, est consterné et l'a fait savoir sur sa page Facebook.
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Ce n'est pas la première fois que des propos scandaleux sont prononcés dans l'enceinte du parlement. Et au regard de la composition actuelle de l'hémicyle, ce ne sera pas probablement pas la dernière... Une réalité que nous sommes malheureusement forcés de constater, mais pas d'accepter selon Emmanuel Foulon, que nous avons contacté.
Ce genre de commentaire risquent-ils de se banaliser dans les travées du Parlement?
Emmanuel Foulon : À partir du moment où on a 25% d'extrémistes au sein du parlement européen, et que parmi ces extrémistes vous avez des gens profondément racistes, antisémites ou misogyne, dont certains ont été expressément élus pour ça, on entend hélas quelques fois ce genre de propos. Même en plénière! Au cours du mandat précédent, un député d'Aube Dorée avait critiqué les gens d'origine arabe de manière très violente, et un député polonais avait expliqué que les femmes ne servaient à rien si ce n'est à procréer. Hélas, sur plus de 700 députés, si vous avez des partis populistes et extrémistes, ces gens évacuent leurs intolérances.
Est-il possible de faire quelque chose pour l'en empêcher ?
E.F : C'est la réverbération du vote de la population et de la structure du Parlement européen. Il est normal que ces gens siègent puisqu'ils ont été élus. Empêcher que ces gens siègent n'est absolument pas la solution, je suis contre. L'organisation du parlement européen en sièges de députés doit être représentatif de la société actuelle. Et donc, si vous avez 25% de citoyens qui pensent que les extrêmes ont leur place au sein du parlement et le font savoir via les élections, il faut l'accepter. Maintenant, ça ne veut pas dire qu'il faut accepter les propos d'intolérance et de racisme dans les institutions, pas plus qu'ailleurs. Les propos scandaleux doivent être condamnés, et sûrement de manière plus ferme.
Que vous inspire la nouvelle composition du Parlement avec ce renforcement de la représentativité des extrêmes?
E.F. : Il est largement temps que les partis traditionnels considèrent qu'ils sont aussi responsables de cette situation. S'il y a aujourd'hui des extrémistes de droite au parlement, c'est aussi parce que les formations classiques n'ont pas pu répondre aux inquiétudes et angoisses des citoyens. Il y a donc une part de coresponsabilité, non pas des propos tenus mais du résultat des extrêmes. Je vais en rajouter une couche, je ne pense pas que la majorité des gens qui votent pour ces partis sont des extrémistes. Comme je ne pense non plus pas qu'il y ait une majorité de gens qui votent pour le Vlaams Belang ou pour le Rassemblement National parce qu'ils sont racistes. Ces gens sont perdus ou dégoûtés de la politique. C'est à ces électeurs-là qu'il faut redonner espoir. Je peux comprendre qu'ils soient dégoûtés avec tout ce qu'on a vu ces derniers temps en matière de gestion politique, mais voter pour les extrêmes ne sera jamais la solution idéale.
Quel paradoxe: on a croisé Marine Le Pen dans les couloirs du Parlement européen alors que quand elle était eurodéputée, elle n'y venait jamais... ?
Mais cette rencontre inattendue ne s'est pas bien terminée ?#Europe #Europeennes2019 #RN #MLP pic.twitter.com/o9PA6ubT0U
— Emmanuel Foulon (@efoulon1) 12 juin 2019