
Trois mannequins transgenres qui font évoluer la mode

Les mannequins de la célèbre marque de lingerie américaine Victoria's Secret ne sont pas franchement réputées pour leur diversité. Voire pas du tout. Des corps sculptés dans du marbre à la maigreur polémique. Toutes pareilles, les "Anges" ne se déclinent pas au pluriel. Et la marque assume ne pas vouloir voir défiler sur ses podiums des femmes plus rondes, plus grandes ou avec n'importe quelle autre caractéristique que celles définies comme étant la norme. En novembre dernier, la PDG de la marque, Jan Singer, démissionnait après avoir déclaré "je ne pense pas que nous devrions faire une série avec des transexuels.Tout simplement parce que notre show, c'est de la fantaisie et du fantasme". Des propos qui ont provoqué un tollé et qui mettaient une énième fois en lumière la façon dont Victoria's Secret perçoit le corps parfait.
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Valentina Sampaio, mannequin de toutes les premières
Le 3 août, la jeune mannequin brésilienne de 21 ans Valentina Sampaio, annonce sur son compte Instagram qu'elle est la nouvelle égérie de la ligne Pink de Victoria's Secret. Dans le classique peignoir que porte les Anges, Valentina pose en direct des coulisses d'un shooting.
Sauf que la jeune femme est née garçon et que l'annonce sonne comme une révolution dans le monde de la mode. Mais Valentina n'est pas à sa première première fois. Sa carrière de mannequin commence à 18 ans. Rapidement, sa beauté attire l’œil des photographes et des agences tant nationales qu'internationales. En peu de temps, elle devient ambassadrice de l'Oréal et premier mannequin transgenre à faire la couverture de Vogue Paris. Devenue l'un des emblèmes de la communauté LGBTQI+ malgré elle, la jeune femme rejette les étiquettes et ne se définit jamais comme transgenre ou transsexuelle.
Andreja Pejic, refugiée de guerre
La jeune mannequin de 28 ans naît et grandit dans une Bosnie déchirée par la guerre civile. Après le divorce de ses parents, elle quitte le pays direction la Serbie où elle vit dans des camps de réfugiés. Pour survivre, sa mère est obligée de ruser et de troquer pour que ses enfants aient de quoi se nourrir. Quelques années plus tard, Andreja, sa mère et son frère demandent l'asile en Australie. C'est pendant son adolescence qu'elle se questionne pour la première fois sur son identité. Avec l'aide d'un médecin spécialisé, elle décide de commencer sa transformation pour changer de sexe. À 17 ans, sa beauté tape dans l'oeil d'un directeur de casting qui lui ouvre les portes du mannequinat.
"Je suis consciente de la chance que j'ai eu d'être passée de réfugié de guerre à la carrière internationale que j'ai actuellement", confiait-elle lors d'une conférence de la Human Rights Campaign. Sauf qu'au départ, Andreja Pejic est perçue par le milieu comme un mannequin androgyne. Un coming-out trans plus tard, elle devient l'une des porte-paroles des mannequins transsexuels, persuadée que la mode a un rôle à jouer dans l'ouverture d'esprit.
Inès Rau, humaine pas transgenre
Actrice et top modèle française, Inès Rau est repérée en 2014 par le magazine mondialement connu, Playboy. Une première puisque jamais une playmate n'avait été transgenre avant elle. Son histoire, elle la raconte dans Femme le livre qu'elle a publié l'hiver dernier. Depuis, elle lutte pour faire évoluer les mentalités sans pour autant se revendiquer militante. D'ailleurs, Inès Rau rejette les étiquettes. "On n'associe pas un genre à une profession", confiait-elle à Konbini. "Mannequin c'est mannequin.Transgenre c'est autre chose. Mais on ne dit pas mannequin transgenre." Fréquemment elle tente d'expliquer comment elle vit avec ces polarités : femme et homme. "J'ai l'impression d'avoir des super-pouvoirs en fait : garçon et fille. Être transgenre, c'est une étape dans ma vie. Ca ne reflète absolument pas qui je suis." Récemment, elle était à l'affiche de la nouvelle série de Canal+, Vernon Subutex, aux côtés de Romain Duris.