Carafe, cruche, pichet : la guerre est déclarée

En Wallonie, on dirait “ cruche ”. Mais vous dites peut-être "pichet". Le gouvernement wallon parle, lui, de “ carafe ” qu’il compte rendre gratuite au restaurant, en provoquant un tollé du secteur horeca.

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C’est une petite révolution dans nos habitudes de consommation de Wallons. Bientôt, l’eau du robinet sera mise à disposition gratuitement dans les restaurants. C’est en tout cas ce que le gouvernement wallon compte imposer pour des raisons écologiques. Il s’agit de réduire la quantité de bouteilles d’eau, particulièrement celles en plastique. À Bruxelles, il n’existe encore rien de tel et aucune mesure n’est envisagée même si une appli  permet de repérer les établissements qui proposent l’eau gratuite avec le couvert. Le secteur Horeca à l’annonce de cette intention de rendre l’eau gratuite s’est aussitôt récriminé pointant le manque à gagner qu’il pourrait bien répercuter autrement sur l’addition.

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Le syndicat des indépendants (SDI) bondit. "Le Gouvernement entend assurer l'utilisation gratuite de l'eau de distribution dans les lieux publics et les restaurants : cette petite phrase, à la page 84 de la récente Déclaration de politique wallonne 2019-2024, a été littéralement considérée comme une déclaration de guerre par un grand nombre d'exploitants du secteur Horeca !", déclare le SDI.  Et on n’a pas encore entendu le secteur des distributeurs d’eau en bouteille que cela ne ravira certainement pas. De l’eau coulera encore sans doute sous les ponts avant l’application.

A Marseille, c'est un pot à eau

En attendant, la guerre est ouverte quant à la manière de désigner le récipient qui contiendra l’eau. “ Carafe ” est le nom que le gouvernement wallon a utilisé pour présenter son intention. “C’est comme cela qu’on demande l’eau à Paris, quand on est au restaurant”, explique Mathieu Avanzi, linguiste, maître de conférences à Paris et auteur du blog participatif "Françaisdenosrégions.com". Mais la carafe est loin d’être universelle. Le linguiste a mené l’enquête sur toutes les manières de désigner le récipient que l’on remplit avec l’eau du robinet et que l’on sert par exemple à la cantine. Il y a une énorme diversité en France. À Paris, c’est un broc. En Bretagne, un pichet. À Marseille, un pot à eau. Et en Belgique, c’est une cruche. Le récipient en verre, en métal ou en terre cuite, que l’on utilise pour servir de l’eau à table, porte un tas de noms suivant la région.

C’est incroyable qu’il y ait une telle variation autour d’un objet aussi banal. Tous les mots utilisés existent au dictionnaire”, souligne Mathieu Avanzi. La cruche est officiellement un récipient pansu, à bec et à anse, souvent de grès ou de terre. Mais dans l’imaginaire de certains, la cruche peut être en verre. Quant au pichet, en Belgique on le réserve généralement au vin. Le pichet, officiellement, est un petit récipient, à col légèrement resserré, et disposant d’une anse et d’un bec verseur, permettant le service des boissons à table. Mais on connaît des pichets qui n’ont pas de bec verseur. “Tous les mots existent au dictionnaire mais on s’est rendu compte que les habitudes géographiques diffèrent dans l’utilisation.”

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