Contraception masculine, qu'en pensent les hommes?

Les contraceptifs masculins sont loin d'être au point. Mis à part la vasectomie et les préservatifs, rien n'a encore été créé pour que la contraception ne soit plus seulement une affaire de femmes. Pourtant, les hommes semblent vouloir partager (un peu) le fardeau.

Contraception masculine, qu'en pensent les hommes?

Les moyens de contraception masculine sont très peu variés. Aujourd'hui, les hommes se trouvent face à deux choix : soit la vasectomie, un peu radicale, soit le préservatif, pas des plus pratiques. Du côté féminin, les possibilités sont plus nombreuses. Pilules, stérilet en cuivre ou hormonal, patch, implant, anneau. Parfois coûteuses, souvent contraignantes (voire dangereuses pour la santé dans certains cas), elles imposent aux femmes une certaine responsabilité peu partagée avec leur conjoint. Aller chez le gynécologue, ne pas oublier de la prendre, infliger à son corps des hormones pendants plusieurs années, etc.

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En Inde, des chercheurs ont mis au point la première injection masculine contraceptive. Le principe : administrer un gel dans le canal déférent reliant les testicules et la prostate afin de bloquer et rendre inefficaces les spermatozoïdes. Une stérilité réversible puisqu'il ne suffirait que d'une seconde injection pour rendre les hommes à nouveau fertiles. Ces recherches indiennes ont commencé il y a une dizaine d'années. Testé sur 300 patients, ce gel serait efficace dans 97% des cas et devrait être prochainement mis sur le marché. Aux États-Unis, des essais cliniques sont actuellement réalisés sur un produit similaire. Il n'empêche qu'il faudra encore un certain temps avant que ce moyen contraceptif ne soit commercialisé à l'international. De son côté, la pilule contraceptive masculine continue de se faire attendre et ne devrait pas atterrir dans le commerce avant une dizaine d'années encore.

Les vasectomies en hausse

La contraception reste donc une affaire de femmes, faute d'autres options. Or, elle peut représenter un réel fardeau, entre responsabilité à assumer et pression quotidienne. Pourtant, les hommes ne sont pas pour autant désintéressés. La preuve: les chiffres croissants de la vasectomie, stérilisation définitive. Selon les chiffres de l'Institut national d'assurance maladie invalidité, le nombre est en hausse depuis dix ans. 2017 fait même figure d'année record avec plus de 8.700 hommes opérés. Une fois de plus, la vasectomie reste une option radicale généralement adoptée par les quadras déjà pères.

Mais d'autres alternatives séduiraient-elles la gent masculine ? Pas forcément. Les hommes que nous avons interrogés se rejoignent. "Je ne suis pas trop fan de l'idée de prendre la pilule si elle se base sur les mêmes fonctionnements que celui que prennent les femmes. Je n'y connais pas grand chose, mais j'aurais peur que ça modifie des trucs au niveau hormonal par exemple. Ou qu'il y ait des effets secondaires", admet Antoine. Certains comme Guillaume confessent ne s'être jamais réellement posé la question simplement parce qu'ils sont nés mecs. "Je me dis qu'une capote c'est déjà bien et que j'ai fait ma part du taf en termes de contraception. Il y a clairement une méconnaissance du sujet et on se conforte dans de bonnes vieilles habitudes qui nous arrangent bien nous les mecs."

Les hormones ? Ni pour elle, ni pour moi

Si certains seraient prêts à accepter la pilule avec des effets secondaires pas trop importants, d'autres – comme Jonathan – le refuse catégoriquement. "Je ne serais ni prêt à servir de cobaye ni à prendre une pilule si d'aventure son effet est prouvé et testé pour la simple raison que je n'aime pas la contraception chimique et/ou intrusive. Et pas que chez moi, chez ma copine aussi. Elle ne prend pas la pilule et c'est tant mieux. On a pris à deux la décision de se protéger autrement. On inflige à notre corps bien assez de saloperies comme ça, pas besoin d'en rajouter." L'option du gel rebute majoritairement. "M'injecter un gel ? C'est mort", lâche Vincent sans hésitation.

Tous assurent avoir déjà abordé le sujet avec la personne qui partage leur vie. Par intérêt et soucis d'égalité surtout. "Effectivement, en tant que mec je ne comprends pas pourquoi c'est d'office la femme qui doit se bourrer d'hormones. On parle beaucoup de contraception avec ma copine et je m'assure souvent qu'elle n'oublie pas la sienne", détaille Vincent. Antoine reconnaît s'y intéresser réellement depuis peu, "avant j'avais plutôt une philosophie de "c'est ton corps, tu t'en occupes, il t'appartient et si tu veux arrêter la pilule on trouve une autre solution". Je suis très conscient de la chance qu'on a en tant qu'homme de ne pas avoir à réellement penser à ça."

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