Netflix est-il en péril ?

Avec, entre autres, l'arrivée de la plate-forme Disney+, Netflix va se voir amputé d'une partie de son catalogue. Mais il n'y a pas que pour cette raison que le roi du streaming a du souci à se faire.

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Harry Potter sur Netflix c'est terminé. Bientôt, la mythique série Friends sera également rayée du catalogue (HBO tente d'ailleurs de préparer le retour des héros sur petit écran). Mais ce n'est pas tout. D'ici fin 2019, 340 épisodes de 10 séries ainsi que 12 films disparaîtront. Au revoir Le Grinch, Everest ou encore la série Spice&Wolf. Les choses ne risquent pas d'aller en s'améliorant. Début novembre, le PDG de l'entreprise aux grandes oreilles, Bob Iger, lançait l'un de ses plus grands projets : la plate-forme de streaming Disney+. Sur celle-ci, toutes ses productions mais aussi les Marvel, les Star Wars, les Pixar ainsi que les contenus du National Geographic. Une offre importante qui fait frissonner Netflix et amputera la plate-forme de ses contenus phares. Tout ça, quelques semaines après l'arrivée de l'Apple TV, qui reste cependant une formule peu intéressante. Pour le moment, Disney+ est uniquement disponible au Canada, aux États-Unis et aux Pays-Bas. Le service devrait débarquer en Belgique dans le courant de 2020.

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"Il n'y a pas que l'arrivée de Disney+, plusieurs choses changent. Warner s'apprête à lancer une plate-forme alors qu'il possède déjà HBO. Et puis les États européens s'organisent également. En Belgique francophone, nous avons l'exemple d'Auvio, même si ça a tendance à faire sourire", décrypte Mathieu De Wasseige, professeur d'analyse des médias à l'IHECS. En effet, en proposant son option "Séries Corner" avec des exclusivités de quelques mois, Auvio place intelligemment ses pions. Et notre pays n'est pas le seul à imaginer une offre de vidéo à la demande. En France, Salto a reçu le feu vert en juin 2018 et devrait être lancé au premier trimestre 2020. Cette nouvelle plate-forme proposera tout le catalogue du service public France Télévisions ainsi que des chaînes privées TF1 et M6. "J'imagine qu'ils diffuseront à petit prix. L'offre de France Télévisions est énorme et inclut des films d'auteurs, ce que Netflix n'a pas", détaille Mathieu De Wasseige.

Netflix n'a pas dit son dernier mot

Le catalogue de Netflix sera-t-il toujours autant attractif quand tous les contenus appartenant à Disney auront disparu ? Pas certain. Mais le géant a plus d'un tour dans son sac. Fort de ses millions d'abonnés et de sa présence dans pratiquement la totalité des pays du globe, la plate-forme a une importante longueur d'avance. Aussi, avec de grosses productions telles que The Irishman de Martin Scorsese ou Marriage Story avec Adam Driver et Scarlett Johansson, Netflix montre qu'il a les moyens. Mathieu De Wasseige nuance : "c'est une boîte qui continue à investir beaucoup dans ses productions propres. Cette année ils ont investi environ 12 ou 13 milliards. Mais leurs coûts de production ne font qu'augmenter et Netflix se retrouve en bout de course avec 30 milliards de dettes. Beaucoup d'économistes sont perplexes quant à leur modèle économique".

Aussi, même si Netflix assure côté séries et documentaires, la plate-forme a toujours eu un catalogue de films très pauvre et l'affaire Disney+ ne fera qu'empirer ce constat. Reste une présence internationale impressionnante et un excellent algorythme. Aussi, Netflix est présent sur tous les supports (smartphone, télévision, tablette, ordinateur) et propose une très bonne qualité d'images. Le tout pour un prix tout à fait démocratique "mais qui a augmenté depuis sa création", ponctue le professeur d'analyse des médias. Inventif à souhait et soutenu par une communauté aussi importante qu'active, Netflix garde certainement une poignée de cartes dans sa manche. 

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